Pas du bruit

J’ai fait pas du bruit pas du bruit jusqu’à être bien
confortablement rien sans nom sans remède
à aucune mélancolie aucune aucun bruit
d’oiseau mort ou vivant
aucun saule
penché sur la rivière
Bannie bien heureuse au bord
d’une certaine clairière en plein chœur
politique ébahie par le jour qui commence à chaque heure
Voir passer la lumière
en tresse, en liane, en tresse, un flux de lianes tressées
flux de lumière c’est fait en ondes en silence en roseaux
passait derrière nos paupières plus vraiment innocentes
Une fresque lumière
pour une respiration presque prise
presque sentie presque pleine
à pleins poumons ou bien à peine

Tamisé un petit corps tamisé ombre mais par si grande chaleur
Aspirée dans les gens qui forment toutes ces couleurs
qui font les bouches de la lumière qui tamise qui ordonne le silence qui enfin
fait la loi
fait le silence autour
qui parle bien
Dire un vide bien ardent et coupant sur les bords pour pied penaud et minuscule 7 ans ou 5
Quelques mois de lumière indistincte
s’aventurant sans crainte
pourtant

À l’abri dans le cou des frères sœurs Mes jamais vus où disparaît le Je
Recueil des enfants tombés du couffin on recueille
le silence de la mémoire accrue que certains nomment Sanglot
C’est dans la voix la gorge des frères de l’inconnu des sœurs
pas vus jamais rencontrés qu’on cerne sans contours
Un contre-jour plus sûr que toute connaissance
C’est des corps pour la poudre
des souvenirs pas morts, des souvenirs venus dans le noir et tendres encore avec l’odeur des pulls où tombe l’ombre des boucles en cendres
Où le bruit de la paume glisse à dessiner l’épaule
brune

Sans cicatrice à vue sans territoire sans faux espoir sans rancune
Sans rien dire que
ces certitudes vaguement entendues derrière l’oreille comme des vagues derrière la vitre on est peut-être à cent mètres
au-dessus du niveau de la mer
en surface d’horizon le plus cru
On prolifère, on évolue, on s’accroupit pour guetter les changements d’atmosphère en partance, le lierre agrippé à la pierre, c’est l’enfance
On est tendre et violent comme la violence qui mûrit dans ses murs qui ne veut pas la guerre qui veut violemment le silence et te taire
On est heureux heureux dans les dunes face au large arrondi
Face au toucher murmure la douce chanson diffuse qui serraille
qui tourmente qui poinçonne à outrance
On perdure


Avec des détails de photos prises lors de la projection du film « Chœurs politiques », performance filmique contributive, une proposition de Frank Smith, auteur, et Michaël Martin-Badier, metteur en scène, Festival « Hors Pistes » 2018, « La Nation et ses fictions », 2018, Centre Pompidou, Paris. ©F.Smith et Martin-Badier

+ 1 photo personnelle ©F.Cosnier : Frank Smith en lecture publique de Chœurs Politiques, (Editions de l’attente, 2017), Festival « Voix Vives », Sètes, 2017.

2 mai 2018
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