Pierre Antoine Villemaine | Contre toute attente (II)
dans le désarroi
demeure fidèle au fugitif
dit oui aux pensées passagères
aux précipités
aux feux follets
ne t’effraie pas des ruines
….
dans la suspension du jugement / perdu au milieu des formes / ne répondant à aucune demande / à aucun marché / il assiste à ce qu’il est en train de devenir
il veille / tortueuse fantaisie / aux spasmes mesurés de la connaissance émotionnelle / au penser comme on écoute un morceau de musique
au vacarme de la pensée tumultueuse
d’un cerveau sillonné d’agitations
d’éblouissements intermittents
…
en route vers la forme
il découpe de la langue en morceaux
dégage une présence enfouie sous la matière lettreuse
inaperçue
sans preuve
recouverte comme dissoute
pas d’idée pas d’émotion - langue première
impénétrable
elle ne cache rien
n’annonce rien d’autre qu’elle-même
…
ici - il faut perdre connaissance
…
à l’ombre des événements
la rêverie pensante
inspire des mots
d’un chant sans art
dans le brouillard
elle traverse son désordre
creuse ses galeries
dans les ténèbres
elle déchaîne le langage
animée de courants polyphoniques
désorientée elle persiste
descend dans la langue-matière
guette ses signes
ses tressauts
guigne le moindre geste qui déjouerait les attentes
…
tracés de hasard
« toiles tourbillons »
à contre-penser
une espèce de dérangement des choses
tempêtante zone d’indétermination
outrément divisée
turbulence entre pensée et non-pensée
…
une certaine rétention des sentiments
pour préserver l’incertitude
…
se taire
ne pas rajouter du bruit à la rumeur ambiante
…
la parole tue
…
mon taire
un état de ce que nous sommes
…
l’effet d’intimidation par le savoir
…
l’ensemble sonore au désordre fertile cherche à saisir le sens d’une émotion diablement variable
…
dans la passion de la simple ignorance
il s’acquitte mais ne réalise pas
pas de faire / pas de produit
il laisse advenir la floraison de la suite
…
ces coups d’ailes de la pensée / ces chemins trop tracés / si souvent arpentés
…