Sarah Kéryna | Le reste c’est la suite
 
 
  à l’explosion de  la violence « dans un pays en paix »,  la Syrie, comme
à l’explosion de  la violence « dans un pays en paix »,  la Syrie, comme    un miroir tendu." (présentation de l’éditeur)
un miroir tendu." (présentation de l’éditeur) 
Le reste c’est la suite de Sarah Kéryna est publié aux éditions Les presses du réel (coll. Pli). 
 
Un extrait :
 
Vortex
  Allongée sur la moquette,   
les yeux fermés
je vois
des choses éparses
sans rapport.
                                                                                                                        Le bloc de soupe orange glacée que ma mère sortait du                              
 frigo, qui devenait liquide quand elle le réchauffait.
Les coulisses du théâtre municipal, avant le spectacle de                                 
 fin d’année avec la chorale.
Le feutre plume rose marbré,                                                                         
 des carnets.
Leur odeur, leur texture.
Les jours de liberté où je n’allais pas à l’école et                                        
restais seule à la maison.
Pourquoi l’enfance a-t-elle duré si longtemps ?
Cette histoire qui s’écrit avec la Syrie, qui semble sans                               
issue, c’est aussi une histoire qui entraîne le monde                                   
entier vers le fond.
Ne pas comprendre le sens d’une vie trop brève,
et ne pas comprendre les sens d’une vie trop longue.
Ne pas comprendre le sens d’une vie solitaire
et ne pas comprendre le sens d’une vie en famille.
Descendre les poubelles avant le début du feuilleton.                                   
Faire des listes.
Expliquer aux enfants qu’un poème peut être une liste.                                 
Être toujours du côté des enfants.
Racheter la cafetière brûlée.
Alep-Alep-Alep-Alep.
Le planning serré des sorties cochées sur le programme.
Vivre dans la ville pauvre où être pauvre                                                                                                                      
est encore possible.
Inaptitude à l’emploi salarié.
Un numéro d’allocataire qui emprisonne.
Se dire que la vieillesse sera terrible.
Hier, j’ai fait du pain.
J’ai rêvé que l’on déterrait un squelette
                                                                                                                        et cela résolvait
une affaire de meurtre                                                                               
 jamais élucidée.
                                                                                                                          
– Nous étions euphoriques.