Topiarius & Topiaria
est propice au conte
il était une fois
les années ont passé
dans le cloître
& la langue intarissable
n’attrape plus au vol
les poignées de pages
& les oreilles consentantes
(rue du cloître)
Claude Chambard
Le chemin vers la cabane
Le bleu du ciel, 2008.
Le poète Claude Chambard joue de la perluète à la manière d’un miroir ardent et fait traverser ainsi sans cesse les lecteurs de l’autre côté des éclats de mot. Ce caractère d’imprimerie ouvre la "ligne serpentine" dessinée par Topiarius & Topiaria et singulièrement à travers et au travers le paysage du poème cité en épigraphe.
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« Topiarius et Topiaria » est une série de chroniques de micro fiction critique qui se développe à partir d’une disposition propre à chaque personne humaine à aller dehors pour prendre l’air, pour se distraire, flâner, circuler dans les méandres d’une ville, d’un parc, d’un circuit plus ou moins balisé par des propositions “artialisées” et prendre le temps de regarder des “paysages”.
Ces singulières capacités à la flânerie et à la contemplation sont incarnées par deux acteurs donnant son titre à la série : TOPIARIUS représentant “un jardinier” et TOPIARIA qui représente “une artiste”. Des noms choisis en homophonie et liens sémantiques avec l’expression latine TOPIARIA OPERA, genre de paysage, manière de faire [des “paysages”].
Et même très tôt le matin, Topiaria & Topiarius se déplacent dans un parc, un jardin paysager, une photographie, un dessin, un tableau... et/ou un livre. Ce qui les passionne surtout c’est l’incertitude des limites des espaces qu’ils traversent ; c’est l’élasticité des histoires qui font leurs cadres d’existence écrite.
Ce qu’Élisée Reclus applique au ruisseau, le jardinier et l’artiste le disent de l’espace d’exposition "naturel" qui sollicite les regards à l’infinitif pluriel. Par exemple, la traversée des cinq hectares d’un parc qui rappelle « à l’imagination le serpent qui glisse dans l’herbe en déroulant ses anneaux [...], la forme serpentine. »
Le géographe anarchiste ne pense sans doute pas à la ligne éponyme − ou « ligne de beauté » − exprimée par le dessinateur et peintre Hogarth pour signifier « une méthode rigoureuse et d’accès simple à la beauté du monde et des choses du monde » mais le poète de L’Homme et la Terre invite à mettre en relief l’aptitude à voir.
Un paysage est quelque espace traversé par Topiarius et Topiaria.