D’une année l’autre

D’une année l’autre, ensemble, puisque aujourd’hui vous lisez cette lettre, qu’on vous y donne des nouvelles de ce qui s’est passé en nos pages, et c’est un peu, croyons-nous, à nous même que nous tendons ainsi l’oreille pour entendre nos propres questions et franchir, pas à pas, les épreuves qui nous traversent :

Ainsi donc, sur remue.net, la revue d’hiver se peuple de voix :

D’une nuit l’autre, Pedro Kadivar nous offre sa trentième nuit d’été, et visite ses renaissances "comme cette nuit où passant près du fleuve je rencontrai ma mère en train d’accoucher de moi, une seconde fois pensai-je, une troisième peut-être, une énième fois m’a-t-elle dit en riant".

Gottfried Gröll est un singulier personnage, qui n’a pas sa langue dans sa poche, on le découvrira en lisant cet extrait de Vie & opinions II :

Ok ok dit Gröll l’amour c’est comme un espace
de solitude qui ne veut pas se refermer et ça brûle.
Il y a une béance fabriquée au scalpel sur laquelle
on verse des substances d’alcool pour cicatriser
à l’aide de pommade d’oubli.

D’un fleuve l’autre, Cathie Barreau écrit là où ça traverse, où d’autres voix cherchent leur chemin :
Quand elle pense à la Loire, elle n’y peut rien, c’est la littérature qu’elle voit, des flots de phrases, le visage d’un auteur lointain, des berges inaccessibles. Elle aimerait parvenir à l’estuaire et se noyer enfin dans l’océan.

D’une guerre l’autre, la sienne, pour que ça sorte, et que la langue porte témoignage des morts, Michaël Glück nous offre des fragments d’un texte en cours : "  la loque bloque là-dedans dans la tête bloque les mots disloque les morts flux incessant peuples de mots et de morts ça s’écoule tout cela du monde ça inonde ça submerge ça pénètre conquiert territoire dans le corps fait synapses nécrose nécrose".

Cinquantième chronique de Philippe Rahmy, Code Migraine va où les mots ne vont pas, ne vont plus :

Dans la proximité de ça, le même accord mineur tenu à travers une enfance délabrée, bourdonnement d’os, pour.

Sortir de l’humain. Guérir du langage.

Sur remue.net on partage aussi des lectures :

Pourquoi lire Ma solitude s’appelle Brando de Arno Bertina, sans poser les yeux sur la quatrième de couverture, et "ne pas savoir où l’on est, si c’est fiction familiale trafiquée ou fiction familiale inventée, tant le statut du narrateur omniprésent sinue malicieux dans les pages", on le saura ici.

Un extrait des Poèmes de la bombe atomique de Tôge Sankichi suffit à nous convaincre de l’urgence qu’il y a à découvrir ce livre.

Mausolée de Hans Magnus Enzensberger est réédité.
"Mausolée vient de loin. D’une poésie mordante et explicatrice, de la critique fascinée, jamais finie, des mécanismes de la servitude volontaire.

D’une année l’autre, l’année de Précipice de Milan Füst c’est 1929. Traduit aujourd’hui aux éditions Cambourakis, c’est un récit bref qui propose une déambulation dans le brouillard de Budapest et des questions : qu’est-ce que la bonté, qu’est-ce que la liberté ?

Oui, qu’est-ce que la bonté, qu’est-ce que la liberté ? se demandent aussi philosophes et enfants. D’une année l’autre, certaines hontes se ressemblent.

D’une année l’autre, enfin, il y a des voix qui nous rappellent que "nous sommes des êtres à destin, ce que la vulgarité quotidienne, la façon dont on nous fait vivre, dont on nous maltraite, nous fait oublier", elles s’appellent Hélène Cixous et Cécile Wajsbrot, on peut écouter leur dialogue ici.

On vous rappelle que la prochaine rencontre au café Cerise aura lieu le vendredi 16 janvier 2009 à 20 heures. Jérôme Mauche y présentera la collection « Les grands soirs », éditions Les petits matins, en compagnie de plusieurs auteurs.

Toute l’équipe de remue.net vous présente ses meilleurs voeux pour 2009.

28 décembre 2008
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