Fictions beyrouthines et autres citadines (18)
XVIII
La ville apparaît, Wajdi quitte ses songes et va par les rues. Il ne peut s’empêcher de penser à Naples quand il marche dans le quartier arménien. Il y aurait de l’Italie de ce coté de Beyrouth, une impression furtive qu’il cherche à chacune de ses visites mais qui s’échappe comme un sortilège ne voulant rien donner de ses secrets. Pourtant, ce sont les rues étroites, quelques pièces de linge ici, l’affiche rouge d’un parti annonçant ses 120 ans là, un scooter comme une vespa, petite guêpe zigzagant dans les rues, des immeubles modestes, une atmosphère conjuguée ainsi le temps de quelques secondes qui émeuvent Wajdi ; quelque chose dans la géographie et l’histoire émergeant à l’encontre des savoirs. Il va vers la boutique où il sait qu’il va trouver la veste qu’il choisira pour ses fiançailles.
L’odeur de roses séchées et celles d’étoffes multiples accrochent les narines dès l’entrée. On prend son temps, on bavarde, c’est ce que Wajdi aime ; être loin du centre ville, loin du trafic et de ce qu’il ressent comme une agression, loin des immeubles démesurés. Ici, on est encore autrefois, on est dans le temps humain. Le jeu d’essayage des vestes l’occupe ; tout le quartier lui semble t-il est autour de lui à le conseiller et le regarder. On rit et on acquiesce sérieusement. Wajdi sera blanc opalin pour la fête.
Comment se tenir dans les fiançailles de jasmin entre la Syrie et la Méditerranée ?