Retour éternel au pays natal
Et voici que je suis venu
De nouveau cette vie clopinante devant moi, non pas, cette vie, cette mort sans sens ni piété, cette mort où la grandeur piteusement échoue, l’éclatante petitesse de cette mort, cette mort qui clopine en petitesse ; ces pelletées de petites avidités sur le conquistador ; ces pelletés de petits larbins sur le grand sauvage, ces pelletées de petites âmes sur le Caraïbe aux trois âmes,
et toutes ces morts futiles
absurdités sous l’éclaboussement de ma conscience ouverte
tragiques futilités éclairées de cette seule noctiluque
et moi seul, brusque scène de ce petit matin
où fait le beau l’apocalypse des monstres puis,
chavirée, se tait
chaude élection de cendres, de ruines et d’affaissements
Aimé Césaire, Cahier d’un retour au pays natal
Aimé Césaire est mort aujourd’hui.
Lire Aimé, Aimé, Aimé m’entends-tu ?, l’hommage que lui rend Evariste Zephyrin sur le site Poto-mitan et le dossier que lui consacre Madinin.art, comprenant entre autres le texte intitulé "La passion du poète" par Edouard Glissant.