Yu Jian, Dossier 0

Est-il possible de distinguer un quartier de viande d’un morceau de bois, un cœur humain d’une chose ?

Né en 1954 dans le Yunnan, Yu Jian est l’une des plus puissantes voix de la jeune poésie chinoise, l’une de ces voix venues du sud dès les années 80 qui ont lacéré, perforé, le discours d’État.

Mais il serait bien imprudent de croire que cette conquête de liberté ne renvoie qu’à des murs lointains. Dossier 0, parce qu’il rassemble dans la douleur d’un seul corps, celui du langage, quelques fragments épars et inconciliables du monde, et que rassembler dans la douleur, ce n’est pas seulement se livrer à un exercice de composition, mais d’abord prendre le parti de l’improbable, du faible, de la victime, s’impose simplement comme nécessité.

Tordre attraper tirer couper déchirer courir relâcher goutter ruisseler couler

Ces verbes sont tous sur place sur place il n’y a que des verbes des verbes trempés dans une flaque de sang

Lire aussi, dans la revue Nouveau Recueil, numéro 72, septembre-novembre 2004, un entretien de Yu Jian avec Marie Laureillard et Camille Loivier

3 septembre 2005
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