« Avec le fer on fait de l’or ! »

Le Démontage des cylindres du laminoir aux forges de Syam - Crédit Catherine Gardone

Mohammed Jhilal est venu à 22 ans travailler aux forges, depuis sa région natale au nord de Fez, au Maroc. Il a fini sa carrière comme chef d’équipe au laminoir, dont il nous découvre, avec Michel Prost, les arcanes. Ils nous parlent de l’organisation du travail, de la répartition des postes selon l’expérience, de leurs discussions pour préparer les profils, des améliorations apportées aux techniques. « Le jour qu’on a gagné notre journée, qu’on a travaillé bien, quand il n’y a pas de souci, qu’il n’y a pas de casse, j’étais content. Le jour qu’on a cassé quelque chose, qu’on n’a pas fait notre travail comme il faut, même si on dit rien, on n’est pas à l’aise, dit monsieur Jhilal. […] L’usine, c’était comme à nous. Le travail, c’était quelque chose comme à nous. C’était pas comme quelqu’un qui travaille pour gagner sa journée, et puis qui rentre. Non, c’était pas ça du tout ! »
Monsieur Jhilal nous raconte son arrivée aux forges, dans l’automne 1972. C’était la première fois qu’il affrontait la neige. La femme du directeur était venue le chercher à la gare. D’une formation de maçon, il ne connaissait pas le métier de lamineur. Il a commencé par traîner les barres, du finisseur jusqu’au redresseur à la plaque. Puis il a appris tous les métiers du laminoir, jusqu’à devenir chef lamineur. Au début il n’y avait pas d’eau dans les bâtiments, les toilettes et les douches étaient à l’extérieur et dans l’usine. On obtenait de l’eau chaude en plongeant une billette au sortir du four dans un baquet d’eau froide. Il régnait un grand esprit de camaraderie entre les ouvriers. Monsieur Jhilal se rappelle le passage du permis de conduire. Il évoque la fin des forges, par manque d’un renouvellement du personnel, face à une plus grande exigence des clients et des normes de sécurité qu’il aurait fallu respecter. « Avec le fer on fait de l’or ! » regrette-t-il. Puis il parle avec nostalgie de son enfance au Maroc.


Mohammed Jhilal - Exergue


Mohammed Jhilal et Michel Prost - Les Cages du laminoir


Mohammed Jhilal et Michel Prost - Les Pinces pour le laminoir


Mohammed Jhilal et Michel Prost - Les Cylindres du laminoir


Mohammed Jhilal et Michel Prost - Le Laminoir - Carré, avant et finisseur


Mohammed Jhilal et Michel Prost - Le Laminoir - La Prise de fer


Mohammed Jhilal et Michel Prost - Le Laminoir - Boîtes et guide


Mohammed Jhilal et Michel Prost - Le Laminoir - La Garde


Mohammed Jhilal et Michel Prost - Le Laminoir - Redressage à la plaque


Mohammed Jhilal et Michel Prost - Le Laminoir - Démontage des cylindres


Mohammed Jhilal et Michel Prost - Le Laminoir - Invention d’un cylindre


Mohammed Jhilal et Michel Prost - Le Laminoir - Invention du cylindre ovale-carré


Mohammed Jhilal et Michel Prost - Le Laminoir - Travailler vite


Mohammed Jhilal et Michel Prost - Le Laminoir - Postes de travail


Mohammed Jhilal et Michel Prost - Le Laminoir – Innovations


Mohammed Jhilal et Michel Prost - Un importun


Mohammed Jhilal et Michel Prost - L’Usine, c’était comme à nous.


Mohammed Jhilal et Michel Prost - Différents matériaux


Mohammed Jhilal et Michel Prost – Profils


Mohammed Jhilal et Michel Prost - L’Organisation du travail


Mohammed Jhilal et Michel Prost - L’Arrivée aux forges


Mohammed Jhilal et Michel Prost - La Vie aux forges


Mohammed Jhilal et Michel Prost - Le Permis de conduire


Mohammed Jhilal et Michel Prost - La Fin des forges


Mohammed Jhilal et Michel Prost - La Dernière Barre


Mohammed Jhilal - Une enfance au Maroc


Mohammed Jhilal - Un souvenir


Mohammed Jhilal - Entre le Maroc et la France


Le prochain épisode : « On a bien rigolé, on s’est bien amusés quand même… »
Le précédent chapitre : La souffrance de l’acier

23 janvier 2020
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