Étienne Vaunac | Tardigrades & intrigues - 2 : JEUDI

« Je ne crois pas être trop sévère, ni tardigrade, en disant qu’une telle conduite est indigne d’un homme. » (Marcel Aymé)

Les éphippigères ne vont plus aux mortes — couchées sur les rochers le corps cassé par l’— orage tes mains soutiennent en tremblant — ce paysage de plateau où mes larmes reposent — étonnamment tout est vert dans la pente — herbe ou torrent — mais suit le cours des transactions

En général on parle de pain — de mandibules quand — tu pénètres dans la parabole tu n’es terré qu’en — apparence étranger — mais terrien exposé dans — l’immensité d’eau entre les fibres des mousses — étranger contraint de regarder les fleurs monter le long du mur — comme des yeux à nu — le terrible est le dicible de la terre

Le soleil chauffe à travers de larges baies — non comestibles le caséum de tes mains — dans l’immense où languit notre vue — nous traînons devant nous notre tristesse vertébrale — comme des filaments d’ampoule quand un vent nous illumine — en déclinant notre nom — hâtant les trèfles — chicanant

C’est l’heure où la limace ouvre le pré et retient son — souffle de se trancher sur le mica va il n’est guère — prudent d’être en mesure de se défendre contre la neige — non plus que de laisser les tessons sur le mur — découper dans le jour un large — chanteau de lumière

Sur le mur en crépi la tarente désosse l’adieu — tracé dans les draps où tu cessas de vivre ratatinée — sur toi-même derrière le trou de la couche d’ozone on — traverse la cour de l’hôpital clés — de voiture en main à l’ombre des noyers — on sait que toute l’aise veut nous sauter à la gorge

Les montants de la véranda nous mènent la vie dure jamais aucune — pierre ne dressera la table en mémoire de nous — ma voix fait de chaque espoir un torchon de plus pour l’hospitalité de la plage — le vent ne nous cache pas longtemps la forêt toi et moi — nous marchons comme tu veux sur le chemin navré de ta langue — dans un désordre de flaques

Les maigres pondent leurs œufs à l’extrémité des mains — le cri — le cri se hâte vers l’armoise — l’ardoise vers l’armoise où la contrescarpe fait de chaque larme un prétexte pour l’outrage — des lichens vers l’ardoise où les poutres pâlissent — la vue porte loin par-dessus les tringles

Nous n’aurons pas le temps de démentir la rumeur de la horde — ni tes pas trop de leur désordre pour prolonger l’éviction de la pluie — depuis la couenne du sentier nous avons quelque — chose de désagréable à dire — notre lordose vers le mental

La naphte de tes seins porte loin ses crocs — nous ne formons qu’un mais lequel — quand l’autre s’ouvre les peines

Ne soyez pas fâchées que ceux qui vivent dans ces trous n’aient pas de visage — à la hauteur de leur générosité — et m’adressez vos larmes — sur le rebord de la fenêtre la coriandre met la cuisine à l’abri nous recherchons une cave à l’entresol plus latéral — il est rassurant d’entrer dans le jour par une si grande douleur

Le grésil nous distance où nous languissons sur le dos de l’amour — et de peau fraîche aux dépens des infiltrations — puis nous disparaîtrons quand nos germes ne seront plus capables de nous donner les contours d’un corps précisé par l’agression — la poésie est le serment de se taire dans toutes les langues

De combien de troncs devra donc disposer le poème pour se dresser hors de la langue pour — que fondent ces coquilles dans l’ostréité de l’huître — la rouille les dahlias toute — la haine — des cellules molles vers la méprise du moi-même sur la salive — où pas une heure ne manque

On sort les couverts en corne pour les morts en attendant la fin des courants — atmosphériques et de la crasse — car la lumière seule n’exige rien des framboises au bout — de la langue on peut encore écrire dans la macération de la vérité — si habilement que de sa merveille l’adieu s’éloigna

Tu ne vis plus que pour toute seule crâne fendue — par la fureur avec un peu de graisse — versée sur la neige pour séparer le jour de ton sourire — ose dire maintenant que cela ne fait pas cent mouches au moins — que ce monde existe

17 avril 2025
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