Prendre racine dans l’écueil
Puisque c’était le lancement officiel jeudi aux Beaux lendemains que ce soit aussi le lancement ici du journal de ma résidence.
Depuis quelques jours je m’interroge sur le terme de résidence. Je lis les définitions légales, j’en retiens que la notion de résidence est liée à celle de lieu, d’ancrage, même temporaire.
Or, notre résidence avec la librairie De beaux lendemains s’intitule « nos racines ». Résider pour mieux comprendre mes racines… voilà ce qui me trotte dans la tête. Voilà qu’on me permet de m’arrêter quelque part, d’y poser mon baluchon pour un temps, de réfléchir et de partager – réfléchir seule pendant le temps d’écriture, partager lors des échanges avec les libraires et les participants aux différents rendez-vous que nous proposerons – des questions d’ordre généalogique. C’est la question du mouvement qui m’intéresse : pour creuser, pour se retourner sur ce qui a précédé, est-il nécessaire de faire une pause, de prendre le temps du recul ? Pour autant, la résidence va être le moment de l’avancée, le wagon des souvenirs va se mettre en branle et je vais essayer de les fixer dans l’écriture, peut-être même, les romancer ?
Jeudi, nous avons présenté notre programme avec Rosalie. J’ai expliqué dans un large sourire, qu’il était temps pour moi de « tomber dans l’écueil du roman familial ». Je lis que l’écueil est un terme lié à la navigation et que les côtes rocheuses sont parfois constituées de « jardin d’écueils » - où l’on fait racine ? Mon grand-père maternel, au centre de l’histoire traumatique que je m’apprête à affronter, était marin. Sa navigation familiale : un écueil.