Jeudi, vendredi
Le matin, je fais des étirements devant ma fenêtre, quelques postures de yoga, les Mercuriales en point de mire. Le soir, je vais aux rencontres que nous avons organisées dans le cadre de la résidence, les tours sont encore plus près, comme si j’avais zoomé mon matin. Jeudi, vendredi. Faïza Guène et Mana Neyestani puis Hugo Lindenberg et Lucie Quemener. Je ne sais pas ce qui me donne le plus de force. Si j’étais dans un jeu vidéo, ma vie gagnerait de nombreux points après les soirées à la librairie. Je ne sais pas ce qu’il en est de mon « chien tête en bas », ce qu’il vaut. Les cases-fenêtres réfléchissantes des Mercuriales ressemblent aux blocs de puissance affichés sur nos écrans, celui d’une batterie ou d’une vie virtuelle. Enfin, les rencontres à la librairie, elles ont lieu pour de vrai, et nous sommes même nombreux.ses. La chaleur pourrait nous alanguir, en fait de quoi elle coïncide avec l’échauffement de nos esprits, stimulés par les paroles de auteurs.trices présent.e.s. Nous avons terriblement besoin de nous parler, de dire ce que nous avons vécu les uns ou les autres, que ce soit ces derniers temps (oh là là, ces derniers temps…), ou dans notre trajet de vie (dans la vie et dans les livres - lus ou écrits). Et la parole de nos invité.e.s, c’est très beau, permet à la nôtre d’exister, c’est cela que je sens, un vent qui se lève à chaque fois, en nous, l’envie de prendre part, l’envie de raconter. Certains font des romans, d’autres des dessins, d’autres aident les uns, travaillent pour les autres, certains glissent un bulletin de participation à un prix de lecteurs dans leur librairie de quartier. C’est notre histoire que nous construisons ensemble, en miroir des Mercuriales, et cela m’émeut, très simplement.
Et on recommence vendredi et vendredi.