Prendre suint - 5


LE FANTÔME D’EULER



I

est-ce toi
qui reposes dans la distance nous séparant du siècle
où je tente un premier geste vers ce fouillis de foudre
à nous monter la tête qui
te baisses pour ramasser une
pierre
et défies les formes réglées
en répliquant d’un œil ponce ?

II

les petits acariens rouges courent sur les pierres
pour rejoindre ton diagramme.

sur le tertre se lèvent entre les phrases
des sentiers tourbés dans la
gorge. nous savons tout.
les mêmes laîches d’heure en heure.
que le jour pousse dans la faim de la nuit
que le vent est gras
sous la langue.

que c’est lire encore
ce que font les scarabées l’un sur l’autre
au bord des branches.

III

vint le tour de la simplification.

le sang n’est qu’un sanglot taillé
dans une lèvre
(comme une esche) il gicle de mes tempes
sur le liège les faïences
quand le poème
de leurre en fleur
te traîne par la langue.

à la table des engoulevents
nous sommes les animaux des fantômes
les quasi-nous-mêmes dans le report des hypotyposes.

du fond des bocages se dispersent
les mots avec
le goulet de neige hors d’atteinte de la salive
puisqu’il n’y a que les mots qui ne peuvent pas du tout
s’écrire.

IV

c’est tout un jeu de discrétions de protocoles et de figues
que ce creuset de ferme où
levé par
terre au milieu des épis des abois il compte
que l’âge l’étende parmi les hommes

pour qu’elle marche sur le petit sentier d’ambre
menant à la voie de chemin de fer
où les mulots vont mourir à l’ombre des coprolithes
qui protègent les sèves fuyardes.

29 octobre 2023
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