Prendre suint - 8


L’INCERTITUDE


Nous profitons du soir à la tombée de la mer ;
Nous peinons mieux dans les pièces à peu près vides.
Ceux qui vivaient là
sont partis depuis longtemps.
Ils ont tout refermé derrière eux, en laissant les clés dans les ormes.
Tu montres du doigt cette lourde pendule de bronze : est-ce la table mise ?
La bergère sculptée a ton visage – les cheveux longs de zones,
le sourire infini,
la peau piquée par les moustiques sévères.


CYPRÈS


Je parle dans la conjugaison
des lieux. De ton côté, tu prends tous les chevaux
pour des pots de métamorphoses,
la sueur de l’année compromise où
chacun tient son rôle du mieux qu’il peut. En enjambant le
torrent, tu vas tomber sur mon père de retour de l’inouï.
Quelques bustes de plâtre traînent entre les escargots de ce désert de consolation.
On ne voit rien d’où l’on se trouve. Cela s’entend.


LE CHAOS DANS LE DÉSORDRE


Quand on passe le seuil, on suspecte tout à trac le crêpe
et l’axolotl.
Devant la cheminée de la salle à manger
les survivants se nourrissent de gruaux atomiques,
d’algues tranchantes comme des plaies. Je souhaite
avec vous déclencher
des enchevêtrements rejetés sur le sable ;
le brai des heures à l’ombre des lentisques ; le crêpe
dans la transcendance trouble, pêle-mêle au milieu de mes mots.

On tourne la tête vers
les rétines, bien des années plus tard,
dans l’empressement des trumeaux,
des tiges d’aubépines, quand la nuit giclent
les orfraies, les orfrois... tiède,
cette main que je sers
sur le côté des tasses de porcelaine,
cette main,
enfoncée dans le monde puisqu’aucune vertu ne reste impunie.

29 octobre 2023
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