Quatre poèmes de Maureen McLane

Les quatre poèmes traduits de l’anglais (Etats-Unis) par Stéphane Bouquet et Aude Pivin sont extraits d’un recueil en préparation.

Poète américaine, née en 1967, Maureen N. McLane est originaire du nord de New York. Elle enseigne actuellement à New York University et a publié sept recueils de poèmes : Same Life (Farrar, Straus and Giroux, 2008), World Enough (FSG, 2010), This Blue (FSG, 2014), Mz N : the serial (FSG, 2016) ; Some Say (FSG, 2017) ; What I’m Looking For : Selected Poems (Penguin UK, 2019) ; and More Anon : Selected Poems (2021).

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syntax

and if
I were to say

I love you and
I do love you

and I say it
now and again

and again
would you say

parataxis
would you see

the world revolves
anew

its axis
you

syntaxe

et si
je devais dire

je t’aime et
c’est vrai je t’aime

et je le dis
de temps en temps

en toujours
répondrais-tu

parataxe
verrais-tu

le monde tourner
de plus belle

son axe
toi

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Contact

and sex once
a day a week a
month a year
goes by and one
hyacinth only
returns, frail
blue against the militant
grass that does cover all
in the residential
precinct of the
New England town
its roads long paved
old Indian trails the steps
they took toward
us the first
exchange for a fish
two biscuits

Contact

et du sexe une fois
par jour par semaine par
mois une année
passe et seule
une hyacinthe
refleurit d’un bleu
frêle face à la pelouse
militante qui tapisse tout
dans les quartiers résidentiels
du village de la
Nouvelle Angleterre
ses routes anciennement pavées
de vieux sentiers indiens les marches
qu’ils empruntèrent vers
nous le premier
troc pour du poisson
deux biscuits

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saratoga

all day the rain
all night the rain
sheeting the trees

water-battered branches break
the morning :
an unmade bed
a foggy head
yet beyond the fence the blazing horses
bear the sun

saratoga

pluie toute la journée
pluie toute la nuit
bâchant les arbres

les branches battues craquent
au matin :
un lit désordre
une tête sombre
pourtant au-delà de l’enclos les chevaux embrasés
accouchent du soleil

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Au revoir

We did not go to Versailles.
The ocean did not turn over.
The moon remained unmanned
And two teams called out in turn Red Rover Red Rover.

Did Fisher-Price furnish our minds
with a transportable imaginaire ?
George Bush the first said he liked pork rinds.
My name not Mary my self contrary.

Things are always terrible
for some people. The question
is the ratio of the palpable hurt
to the general session

of life in an era. Narcissism
the Hall of Mirrors multiplying
me and you and me no schism
between ourselves and our lying

ideals. This is another first-world poem
annoying in all its presumption
its feckless tourism presupposing a home
and its hubris misregarding itself as gumption.

Autobiography cannot anymore be spiritual
and the obviously sexual dimensions
of experience laid out before all
a spatchcocked chicken the cook mentioned

she’d make you for dinner
after she serviced the young monsieur
on the staircase. It’s hierarchy or chaos
mister sd the structuralist seer

a woman no friend
to women but no enemy
either. How to end
the impasse. How to be

perfectly complicit to just the degree
you deserve asked the dominatrix
by which I mean post-structuralist
for whom the question of rubber vs. latex

moves us far beyond rational choice . . .

Au revoir

Nous ne sommes pas allés à Versailles.
L’océan ne s’est pas retourné.
La lune est restée inhabitée
Et deux équipes appelèrent tour à tour Red Rover Red Rover.

Fisher-Price a-t-il meublé nos esprits
d’un imaginaire transportable ?
George Bush Premier disait qu’il aimait la couenne de porc.
Mon nom pas Mary, mon moi contraire.

Les choses sont toujours terribles
pour certaines. La question
est celle du ratio entre la blessure palpable
et la réunion plénière

de la vie dans le temps. Le narcissisme
la galerie des glaces qui se multiplie
moi et toi et moi nul schisme
entre nous et nos idéaux

menteurs. C’est un autre poème du premier-monde
assommant de présomption
son tourisme inepte présupposant un foyer
et son hubris qui se prend pour du bon sens.

L’autobiographie ne peut plus être spirituelle
et les dimensions évidemment sexuelles
de l’expérience étalée aux yeux de tous
un poulet crapaudine que la cuisinière a mentionné

qu’elle te préparerait pour le dîner
après avoir servi le jeune monsieur
sur l’escalier. C’est hiérarchie ou chaos
monsieur que dit la voyante structuraliste

une femme pas amie
des femmes mais pas ennemie
non plus. Comment finir
l’impasse. Comment être

parfaitement complice exactement au degré
que vous méritez demanda la dominatrice
par quoi je veux dire post-structuraliste
pour qui la question « caoutchouc ou latex »

nous transporte bien au-delà d’un choix rationnel...

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Notationals / Songs of a Season IV

another cry
which of your four calls
o loon

little puffs of cloud
a summer sky—
I’m here I’m here !

Cottonelle . . .
sky brought to you by . . .

I swam far out but not so far
I couldn’t hear the thunder
I swam far out but not so far
I ever forgot where you were

clouds eat a red moon
it’s gone
it was orange
you have to trust me

I didn’t fall into the cold lake
and thus I am alive
and not even cold
thank you gone god

Notations / Chansons d’une saison IV

un autre cri
lequel des quatre
o huard

petites bouffées des nuages
un ciel d’été –
je suis ici ! ici !

La Cotonnière…
ce ciel vous est offert par…

j’ai nagé assez loin mais pas si loin
que je ne puisse entendre le tonnerre
j’ai nagé assez loin mais pas si loin
que je puisse jamais oublié où tu es

les nuages mangent une lune rouge
elle est partie
était orange
il faut me croire

je ne suis pas tombée dans le lac froid
et donc je suis vivante
et n’ai pas même froid
merci dieu qui a fui

23 septembre 2024
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