Sereine Berlottier | Au bord : extraits



















Parution d’Au bord, mars 2017, LansKine, collection Poéfilm.

Extraits :







Enfances
    chacun trace son cercle
sur le sol
parfois il n’y a plus de
place
    parfois les cercles sont piétinés

Étincelles sur une eau si
blanche qu’elle se mêle au ciel
sans séparation
traversée des branches du
figuier
n’échappant pas à la brûlure
sauf à observer longuement
cette bande plus sombre au
loin habitée d’une
durée invisible

Il n’aurait pas fallu compter
sur la chance, le hasard
l’inversion des signes

Toutes ces fleurs que j’apporte
dans leurs papiers de couleur

ne sont pas celles – j’y pense aussi –
au bord des yeux, si elle recule






Debout mais
plus grande couchée moins
atteinte tout
recommence

Curieusement les oiseaux survivent les
fleurs survivent les arbres ne sont
pas arrachés ni la toile d’araignée
dans l’angle du volet secoué

L’écume vise
l’obstination d’une parole
que la répétition
ne désagrège pas

revient
sans venir à bout d’une
phrase
qui dirait
l’épuisement
du rivage

mère-vague et tempétueuse





On ne dit pas tout ce soir
Aux arêtes du cube où nos reflets se croisent

Tu n’apparais nettement que de t’éloigner
Non pas ensemble mais bord à bord

Ventre immergé près d’une main qui écoute
Qui fait ce qu’elle peut à quoi bon les dates ici ?

Oubliant le nom des plantes nécessaires
J’arrose encore

Dans cette absence
Où le muguet a séché






Les nouvelles ne sont pas
Mauvaises pourtant

Avoir à dire je reviendrai et je suis
Revenue plus tard

On n’attend pas
Il y a des choses pour les yeux

Dans le sac et le ventre
Et même des fleurs

Dis-moi ce que je n’entendrai plus
Jamais, main, main encore

Sans rien qui bouge ni les nuages
C’est différent

Il faudrait ne pas tant parler
Mais personne ne ferme les yeux

On regarde la pluie
Et cette plante qui tient si bien

Sur le balcon tu dis
Une vivace ça tient des années



Sereine Berlottier, Au bord, LansKine, 2017. Collection Poéfilm. Pp.16-19



Prolongements

Un journal sonore, composé en collaboration avec Jean-Yves Bernhard, saxophoniste et compositeur, a accompagné l’écriture de ce texte, lors d’une résidence d’auteur, dans le cadre des résidences de la région Ile-de-France, en 2014, en partenariat avec l’association la Scène du Balcon et la bibliothèque Marguerite Audoux. On peut l’écouter sur remue.net.

Enfin, un vidéopoème, réalisé en février 2017, chemine aux côtés du livre, composé sur des images de Sébastien Rongier et une musique de Jean-Yves Bernhard, au saxophone. On peut le découvrir ici.

1er mars 2017
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