Sismo·paragraphe [24 02]

Nous partageons notre vie, notre culture, notre nourriture. Je me souviens, j’avais quatre ou cinq ans quand j’ai compris que mes parents étaient corvéables àmerci. Depuis cette époque et jusqu’àaujourd’hui, on s’organise. On préserve notre langue, nos vêtements. Je dois sentir les images pour me sentir concernée. Il y a de l’extase et de la douleur. On crée les images pour qu’elles nous répondent. Personne ne se souvient de son nom. Je ne me sens pas àl’aise avec tous ces mouvements, expliquez-moi. Je suis convaincue de trouver mes sujets autour de moi. J’aime l’instantané de la photographie, les moments de relâche, en dehors de la course. Voilàquelqu’un qui ressent comme je ressens. Il a dit : la plupart des femmes peignent comme elles brodent, mais pas vous. La spontanéité m’est inconnue. Je veux aller là-bas. Là-bas, on peut être quelqu’un, pas quelque chose. Je veux étudier le mouvement. Le hors champ. On n’a accès ni aux coulisses ni aux ateliers, on doit trouver ses modèles dans l’entourage proche. On montre celles qui observent et celles qui sont observées. Je me souviens de la musique ce soir-là. C’est sur la demande des rois qu’on a commencé àjouer de la harpe, vous savez. Pour moi, il ne suffit pas de voir de beaux paysages et de rencontrer des personnes. Il faut aussi écouter sa harpe pour comprendre son histoire. Au bout d’un instant, la vie se met àdanser. C’est un coup de chance extraordinaire. Je veux que tout le monde puisse vivre une belle vie sans souffrance. Vous recevrez une pochette de voyage et un schéma explicatif. Je ne sais pas si on peut s’imaginer le brouhaha. Ça joue aussi sur le physique, sur le mental des gens. Ça fatigue, vous ne pouvez pas savoir. On a constitué un collectif. La nuit, là, il y a un écho terrible. Tant que j’ai du courage, tant que je peux le faire, je fais. Un jour on me trouvera là-haut et ce sera fini. Là, je suis chez moi. L’herbe a poussé. Mes arbres ne sont pas soignés, il aurait fallu les couper, c’est un énorme gâchis. C’est comme si on m’avait coupé un bras. Cette personne a tout abîmé. Régulièrement, des gravats tombent dans la rivière. Ce que je voudrais c’est que vous parliez chacun votre tour calmement. C’est lui qui fait la musique, lui qui connaît la partition. C’est terrifiant. Quand il y a des orages, c’est un torrent de boue qui sort de l’intérieur du mur. Regardez. Tout ça. Des années de bagarre. Toutes mes économies. Ça m’a rendu malade. C’est inimaginable. Avec le temps, de plus en plus de voitures tombent dans l’eau. C’est la désolation. J’accepte votre main tendue. La discussion tourne au vinaigre. On n’a pas la main sur les choix. On constate la dégradation des ressources àun endroit en particulier, on s’éloigne de plus en plus loin pour aller capter une autre ressource àutiliser ensuite. C’est une fuite en avant qui ne nous mène nulle part. Nulle part, c’est ici. Vous avez vécu cette expérience. On ne peut pas l’enlever. Je ne programme pas mon émotion, je ne programme pas mon ressenti. J’ai besoin d’un bon engrais pour m’enraciner. Le lotus sort du bourbier. Il naît d’une réalité très sombre, et en sort quelque chose de beau. Ça va être l’amorce. Un panoramique. On ne sait plus si c’est de la végétation et laquelle. Il y en a qui ont vu des flammes. La priorité c’est le rapport entre main et visage. L’idée est de construire une phrase d’énigme. La puissance d’un lieu, un reflet d’eau, une zone industrielle, de petits indices. Une énigme ouverte et disponible.

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mode d’emploi d’un sismo·paragraphe

24 février 2023
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