« Une école de liberté. »
« Leur faire comprendre, peut-être aussi, que la création, quand on s’y engage, permet de développer des forces : c’est une école de liberté. »
Anne Savelli est au lycée du Parc-des-Loges (Évry, 91) pour des ateliers d’écriture visant à esquisser avec les élèves un portrait de soi pris dans la ville et son environnement sonore, avec une attention particulière portée à l’idée du passage d’un univers à l’autre, d’un quartier de Paris, la rue Daguerre, à la ville d’Évry.
Elle nous raconte ce qu’elle y fait, ce que ça lui fait, et ce qu’elle imagine que cela « leur » fait.
Le premier semestre a été également l’occasion de sorties : l’une à Paris, constituée de neuf parcours différents ; l’autre à Evry, avec une seule classe. Deux sorties à Evry sont encore prévues avant la fin de l’année. J’ai également accompagné des terminales à l’Ircam, en lien avec le sujet de mon livre, et au musée des Arts et métiers. Lors du second semestre, je vais avoir des invités : un écrivain qui est également ingénieur informaticien, et rencontrera des BTS informatique, une danseuse qui interviendra avec moi en cours de sport, et une écrivaine qui a grandi à Evry, a même fait sa scolarité au lycée.
Tous les élèves écrivent et s’écoutent lorsqu’ils lisent, m’ont fait remarquer les professeurs, et c’est vrai que c’est quand même assez impressionnant. Il n’y en a pas un seul qui renâcle, c’est ce que constatent tous les enseignants. Je commence chaque atelier par un petit résumé de ce que j’ai fait entre deux séances, façon d’expliquer aux élèves la vie du livre (écrire un manuscrit, publier en revue, chercher un éditeur...). La plupart ont l’air d’apprécier ce rendez-vous, me posent beaucoup de questions. L’atelier, qui se concentre sur la ville (vécue, rêvée, oubliée...) est ensuite un moyen d’expression dont la plupart s’empare et je crois que c’est dû au fait de pouvoir dire quelque chose de soi de façon un peu détournée, sans que la demande soit frontale.
Le fait d’être présente au CDI tous les lundis est également un point de repère : un élève qui écrit m’a déjà demandé un rendez-vous particulier (probablement le moment le plus fort de ma résidence jusqu’ici), un autre me salue alors que je ne l’ai pas en atelier ce jour-là... Ce sont des moments précieux.
Pour eux, je crois que c’est le moyen de sortir, durant une ou deux heures, d’un système qui les évalue beaucoup, et à exprimer quelque chose d’eux-mêmes en sachant qu’ils ne seront pas jugés (au contraire, je suis toujours encourageante et les aide spontanément lorsque "ça coince" tout simplement parce que j’aime ça, c’est une source de complicité entre nous, on s’en amuse). Certains ressortent de l’atelier en ayant envie de continuer : tel est précisément mon but.
De mon côté, le fait de "devoir" les aider à faire progresser leur texte m’oblige à être claire dans mon propos. Si je demande à avoir, autant que possible, des ateliers de deux heures, c’est également parce que je veux avoir le temps de leur faire des retours détaillés. A quoi ces ateliers me servent ? A rencontrer des gens que je n’aurais jamais connus autrement, à écouter leur point de vue. A leur faire comprendre, peut-être aussi, que la création, quand on s’y engage, permet de développer des forces : c’est une école de liberté.