André Markowicz | De quelle fosse

De quelle fosse, l’un

et l’autre bord —

en soi,

devant la glace de l’iris,

un son

flà»té, pas même un son

encore, ou déjàplus —

mais si je le

traverse, si j’essaie, du bout du doigt,

de suivre les

lignes de son sommeil

reclus — ô ce halo

de soie dans la pénombre, pas

encore assez pour lire,

àpeine pour

— « leçon de solitude  » —

imaginer une reconnaissance, —

àtransférer

de verre

en verre, intempestivement

mes shibboleths àmoi,

la soie, la neige, le

saule — je garde trace du visage.





C’est là

le sol, la progression vers un

désert aussi, sans doute — l’âge

y est

pour quelque chose,

un givre sale

un peu, comme un vieux souffle

àl’instant de sortir

sur fond de gris,

un interlocuteur

voulu

pas même d’ombres — juste

un être,

ou deux ou trois,

hors du contour des mots,

ici, dans un

coin de fatigue, ressassant,

du connu au connu,

pour seul espace,

une respiration

presque solide,

on dirait pour

se la rendre habitable





ici, dans la dérive d’un

point fixe, année

après année,

depuis les rails, sans doute, le

vertige des traverses, le

mutisme des odeurs

soudain, et leur absence d’aide, les

deux femmes sur le quai

désormais-là-toujours

(cela

— senti,

les deux,

d’instinct, sœurs-mères, par

son abandon

d’elles, la peau, pas même, la

distance — qui voudrait

le connaître au matin

d’après, le chargeant de la marque ? —

Une autre, presque transparente,

a les yeux gris

derrière les lunettes, sa

voix creuse, sa

caresse, on la dirait jumelle —

une autre histoire désormais.





Car elle arrive, la

« vieillesse-Rome  », sur

le dos, « je n’ai rien vu  », sinon

l’inappétence

àla conquête, un seul

axe du non-retour qui se

décentre, le noyau

d’incandescence sur

l’été du fleuve, — quelque éventuelle

invention d’une vie, présente

ou morte, lui,

le frère

en charge de famille, en lieu

et place, qui parlait

une variante de sa propre langue.

Assis dans son fauteuil

Voltaire un soir,

n’écoutant plus personne, l’air

muable qui se chante sans

corps, il

brusquement se découvre foudroyé

— essaie, essaie encore, essaie… —

d’avoir voulu.





Sculpte la flamme, souffle

un peu plus mort

que vif, de la

bougie au rythme de l’image

apparaissante

et disparue-limpide, sa

force est la ligne, l’aventure.

Un sol aussi

léger s’il s’en allait,

et il

s’en va —

et là, on pourrait presque voir

les lettres faire

une phrase complète. Sa

disparition àlui

est irrécupérable, elle est

autour de moi, venue

en plein travail. Au gré du souffle,

il se rapproche,

il se

dissipe, se repose

et si j’appelle sur le répondeur

(pour peu que j’aie

le cran), sa voix est seule.





25 mai – 26 juin 2013
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5 juillet 2013
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