Arno Calleja | Légen
Arno Calleja est né en 1975 et écrit depuis Marseille. Légen est un travail en cours. On peut retrouver nombre de ses txts en revue, en particulier sur Inventaire/Invention. Il prépare un nouveau livre qui doit paraître en septembre aux éditions québecoises Le Quartanier.
Sa "criture" est à mon sens un piste nouvelle, à suivre, comme les indiens, aux traces et menues brisures de parole laissées sur son passage.
Légen ne sont pas tout simple. Légen sont dans la parole, sont dans les supermarchés, légen sont dans les champs, on marche dans les champs, on ramasse le légume, on mange ce qu’on ramasse, légen font les choses, sont dans les chambres, là un gen entre dans une chambre et c’est la chambre de l’enfant, un gen entre dans la chambre de l’enfant, l’enfant est la parole pure, est la parole qui ne sait pas parler. Il faut ranger la chambre de l’enfant que l’enfant ne sait pas ranger sa chambre. L’enfant il ne peut pas ranger sa chambre touseul. Légen ne sont pas dans des choses simples, c’est compliqué, on est coupé en 4, en 8, en 16, en 16000, et il faut penser, la situation va s’éclaircir si on pense, il va falloir penser et bien penser. On lit heidegger, on lit plotin, on lit heraclite, légen lisent la philosophie, le soir on rentre du travail et il y a encore du travail à faire, il faut être, il faut être dans la philosophie, être dans la parole, le soir on continue une parole qui n’est pas la même parole que la parole du jour au travail, le travail est la parole qui ne travaille pas, le travail se fait la journée, la journée c’est esclave que je suis la journée, et le soir je dois trouver une autre parole, une parole qui n’est plus une parole d’esclave, mais qui est une parole du soir, du libre soir de soi, une parole de soir pour l’enfant, une parole douce, une parole de philosophie douce, que l’enfant comprenne. Il faut que l’enfant comprenne que je dois travailler tout le jour, il faut que l’enfant comprenne que la journée je suis une morte, une morte au travail, maman est une morte dans la journée au travail, maman est niée, est coupée en 4 en 8 qui font 8 bouts d’esclaves qui font 16000 maman niées au travail la journée, font une meute d’esclaves maman est une meute de 16000 esclaves de journée. Il faut aussi que je range la chambre de l’enfant car l’enfant doit apprendre à parler. Il faut une belle chambre propre pour que l’enfant veuille commencer à parler.
Il faut commencer par apprendre à parler, puis après il faut préparer le diner. Maman est dans légen, est dans toumonde, maman va à la caf, maman se fait parler par les hommes, les hommes veulent faire des choses à maman c’est les hommes de la caf c’est les hommes de la rue et c’est les hommes des maisons, c’est les hommes qui ont des maisons, les hommes sont propriétaires dégen qui travaillent. Maman est travaillée dans légen. Les hommes ne sont pas heureux dans leur maison alors ils sortent les hommes sortent dans légen, et les deviennent. Les hommes sont des proles car ici toumonde est un prole. Un prole ce n’est pas tout simple, il y a beaucoup de choses à faire, il y a trop de choses à faire ça déborde le prole déborde de son prole, les objets débordent du supermarché il y en a trop, les mots se dégueulent il y a trop de mots ici c’est impossible, la pensée est étouffée ici il y a trop d’espace et de temps pas assez, c’est impossible.
Légen ne sont pas dans le possible, légen sont refoulés du possible, et c’est le travail qui refoule, le travail est la pompe du jour qui refoule son gen hors du possible. Légen sont refoulés dans l’impossible de vivre. Il faudrait arrêter de parler. Il faudrait étrangler celui qui vient nous parler, il faudrait que ça s’arrête, que s’arrête le meurtre de la parole. La parole travaille de jour, et touléjour la parole nous tue avec son travail. Il faudrait un grand silence, qui ne soit pas le silence d’absence de bruit, mais qui soit le vrai silence-mutisme. L’arrêt du sens, l’arrêt de l’autre, l’arrrêt du travail, qu’il n’y ait plus de chambre, qu’il n’y ait plus d’enfant dans la chambre, l’arrêt de la chambre, l’arrêt de l’enfant, l’arrêt de la lumière. Il y a besoin d’un grand renouveau, l’arrêt du Capital, il y a un grand besoin d’arrêter le travail du Capital. Les proles sont dans les supermarchés, les proles ont le besoin d’achat, c’est acheter les objets c’est acheter à manger, les proles ont les mêmes besoin que les riches, mais en pire, parce qu’on les oblige, les proles on les oblige à avoir leur besoin de prole alors que les bourges créent leur propres besoins et les décident. La maman a des besoins de maman elle n’a pas des besoins d’homme, elle n’a pas des besoins d’enfant. Maman a des besoins de moi-même je suis une maman et c’est soi-même qui est la vraie maman, c’est identifié. Je suis moi-même mon autre c’est totalement identifié. Tout le réel est passé au possible, et tout le possible est complètement bousillé parce que tout est identifié,a été identifié. C’est bon c’est identifié, disent les hommes. L’enfant ne le sait pas encore mais bien sûr il est déjà identifié. Il faudrait que l’enfant refuse, une bonne fois pour toute, pour toutes les fois toutes, il faudrait que l’enfant refuse de parler, il faudrait qu’il refuse d’apprendre à commencer de parler pour ne pas être identifié, à savoir mis à mort. Mais l’enfant ne refusera pas d’apprendre à parler, que non l’enfant va parler, car l’enfant aura envie d’apprendre à parler ce qui est normal, surtout pour un enfant. Car de même que les besoins, on oblige l’enfant a avoir des envies et l’envie d’apprendre à parler est une des premières envies.
Parmi les conos je suis une être supérieure, je suis parmi les conos parce que je vis avec, je vis avec les conos c’est les conos de france. C’est facile de les reconnaître, les conos de france sont les français votent en france mangent les légumes achètent les légumes sur les marchés de france ça veut dire qu’ils parlent, les conos de france parlent la langue de france le français. Je suis quant à moi et quant à moi je suis un être supérieur. Ma supériorité est ma faiblesse, est mon incapacité. Je suis incapable d’aller travailler. Je suis incapable de me présenter. C’est pourquoi je suis libre. Mon incapacité est ma liberté. Ma liberté est de touletan criturer. Je peux écrire avec que des virgules, et puis d’un coup je peux mettre un point. Et alors après le point je peux mettre ue majuscule. où alors je peux ne pas mettre une majuscule. Je Peux Mettre Touletan Des Majuscules Dans La Phrase Que J’Ecris Si Je veux. Ma faiblesse est de criturer. Je ne peux faire, je ne peux vivre qu’à criturer. Je criture en nostre belle langue de france. La france c’est le cono français, il parle. J’écris dans de la prose. Prose est un écoulement de prose. Ma prose s’écoule loin du français, mais je ne veux pas faire la bougnoule. Je ne veux inventer un mot que lorsque je le sens. Je ne veux pas inventer un mot comme ça pour faire la bougnoule. Je veux pas criturer comme ça bizarre pour faire la bougnoule. Je veux pas forcer mon bougnoule. Je parle ma langue bougnoule quand j’l’a besoin. Je ne force pas ma bougnoule, je la laisse parler, et elle est ici, elle vit ici parmi les conos et elle parle leur langue, le bougnoule est un être supérieur, car il se laisse parler, il n’a pas besin d’avoir appris à parler pour se laisser parler, et d’aileurs il n’a pas appris, c’est de se laisser parler qu’il sait parler, sans rien savoir. Parler sans avoir est un pouvoir, et c’est le pouvoir du bougnoule. La criture puise dans l’ignorance du bougnoule pour tracer sa prose. Prose de criture est un savoir supérieur au savoir, est un savoir de passivité supérieur à la volonté. La bougnoule qui parle ne veut rien. Je suis maintenant en train de ne rien vouloir. Je le sens. Je suis supérieure car je me laisse aller, je me laisse aller dans la criture, dit la bougnoule, ma criture s’écoule libre en france, en la belle langue de france. La france ne voudrait pas voir s’écouler ça, mais elle n’y peut rien, c’est là et ça criture, ça criture son couler, criture creuse son propre sillon, et c’est un beau sillon qu’avance parmi les couillons. Le couillon est au français ce que le cono est au gaullois. Criture coule, criture-bougnoule coule au sillon. La france voudrait pouvoir retenir ça, mais criture-bougnoule a une grande faiblesse. La faiblesse est un piston dans la prose. Le piston pistonne, c’est normal. Le piston pistonne a fond les ballons, et du pistonné sort une langue de criture. Qui est la langue d’criture de maintenant. Criture est une nouvelle langue dans le français. Criture s’écoule quand ça lui vient, car criture n’est assujetie a rien. Criture parle pour criture, et pour personne d’autre. Criture n’est assujetie, criture n’est aliénée qu’à elle-même. Criture est à la langue ce que bougnoule est au français.
légen ne sont pas vraiment dégen, ils partent travailler mais ce n’est pas vraiment ça ce n’est pas vraiment pour travailler, légen le matin ils sortent de la chambre mais ce n’est pas pour sortir au travail qu’ils partent au matin aller faire le travail, non pas vraiment, non ils ne font même pas ça pour l’argent que ce n’est pas pour toucher un salaire d’argent que légen vont travailler le matin au travail, c’est que non légen ne sont pas vraiment dégen et pas vraiment des travailleurs non plus, non et ils ne croient plus en dieu c’est fini ça légen ne croit plus en dieu en plus, c’est que dieu ne parle plus au gen c’est fini dieu s’est arrêté de leur dire les choses que dieu ne dit plus au gen au matin d’aller faire le travail non mais légen part quand même au travail et ils ne savent pas pourquoi,
légen ne croit plus en dieu qu’il n’entend plus la parole alors le gen ne sent plus la mort qu’on ne sent plus vraiment sa mort de près sa mort à soi on ne la sent plus dans le présent de sa vie, dans sa chambre à soi qu’on quitte au matin pour le travail,
dans le travail on ne sent plus le présent, dieu est omniscient et légen ne sont plus vraiment dégen de femme et d’homme ils ont perdu quelque chose légen ont perdu une chose qui est une chose en moins, une pensée en creux, c’est que légen ont perdu le texte et ils ont perdu la main qui criturait le texte qu’avant légen était leur nom et c’était leur nom qu’ils se traçaient dans la face avec une main de criture qui était leur main à eux, un gen est un corps de visage avec un nom dedans, mais jourd’hui légen ont perdu le texte car légen s’est arrêté de se tracer le nom parce que légen part touletan au matin au travail, et alors dieu ne lit plus le nom de chaque gen sur son visage et c’est pour ça que dieu ne parle plus à personne,
et avant légen faisait désenfan et lésenfant était dégen comme ça, tout de suite au sortir de naissance lésenfan étaient dégen, un enfant est un gen avec un nom dedans, mais maintenant il y a une brèche et légen n’ont pas sauté par dessus la brèche mais ils sont tombé dedans légen sont tombé dans la brèche, une brèche est un trou, légen sont tombé dans un trou et en disparaissant légen ont entraîné lésenfan dans leur chute et lésenfan ont disparu dedans et disparaissant lésenfan ont eux aussi cessé d’être dégen et c’est pour ça qu’un enfant naissant ne sait pas écrire ni son nom ni la criture un enfant sortant ne sait pas écrire c’est pour ça,
madame criture est madame prose, je viens de naître et je suis la fille madame prose, une belle batarde, je suis la belle batarde qui veut dire des choses à la parole, parce qu’elle sait que dieu est dans la parole, elle est au courant de certaines choses elle sait que parler avec un gen n’est pas satisfaisant, un gen est vraiment trop fait un gen est déjà trop constitué, il est déjà tout a fait blindé le gen, un gen est déjà mort et ça ne sert à rien de parler avec un mort et devant vous légen vous regardent et vous n’y pouvez rien, et ils vous parlent légen vous parlent et ça ne sert à rien, elle sait des choses, elle sait qu’elle est en train de dire, elle est en train de vous dire des choses qui sont des choses qu’elle a appris dans la solitude elle s’est mise au courant de certaines choses et quand on fait un parler dans la solitude on fait un parler séparé,et le parler séparé enseigne sur certains états physiques, la séparation enseigne sur certaines disposition de dieu dans le corps de celui qui parle, ici c’est une celle oui oui oui elle a été enseigné de choses, qui ne sont pas des choses secrètes qui sont des choses que toumonde peut savoir mais pour le savoir il faut y aller, il ne faut pas avoir peur d’états limites il ne faut pas avoir peur de descendre dans la parole séparée et elle elle a pas eu peur et alors elle a été enseignée, c’est simple, et alors légen ont peur d’elle parce que ce n’est plus la même qu’avant, elle a basculé ça c’est sûr elle n’est plus vraiment la même qu’avant, mais les yeux ça change jamais, elle a les yeux qui n’ont pas bougé et encore elle a les yeux qui ne bougent pas parce qu’elle a les yeux qui ne regardent pas comme nous, pas dans la même direction que nous elle a des yeux qui n’ont pas la mobilité de nos yeux à nous elle a des yeux immobiles qui ne scrutent rien on dirait qu’elle a les yeux vides, qu’elle a les yeux qui sont tombés dans la bouche parce qu’elle voit dans ce qu’elle dit elle voit dans ce qu’elle dit la face de dieu, dieu apparaît dans le parler séparé de ceux qui parlent les yeux fermés, ici c’est une celle elle parle directement en écriture de dieu
l’écriture de dieu n’est pas dans la bible car personne n’a écrit la bible en trempant son zob dans la flaque de dieu car l’écriture de dieu n’existe pas par avance, l’écriture de dieu est improvisée est incarnée dans un instant que c’est ça qui fait le temps l’écriture de dieu est incarnée dans un gen qui ne sait pas encore qu’il va parler, c’est ça l’écriture de dieu, c’est ça son mode à dieu pour criturer c’est que l’écriture de dieu est dans un gen qui ne sait pas ce qu’il va dire et qui se jète dans le présent, le présent c’est maintenant, et il ne sait pas le gen que c’est maintenant parce qu’il ne sait pas qu’il va prier c’est ça l’écriture de dieu, le gen il ne sait pas, il ne sait pas qu’il va tomber dans sa prière que c’est sa prière à la parole qu’il ne sait pas, on peut pas réciter au présent parce que le mot sort sans mémoire du mot qui sort puisque c’est lui qui sort, en prière, dans la prière à la parole est une demande de mots, la prière est une demande de mots à dire, et on les dit pour être et c’est dans le présent de cette demande qui est une attente, que prier est une attente, c’est dans le présent de cette attente que descend dans nos bouches le trait de dieu, c’est le trait d’écriture de dieu, et on prend le trait et on le tourne et on le mâche et de nos bouches sort la criture de dieu et la criture de dieu fait un discours, c’est bien mâché, c’est du présent mâché et c’est la criture de dieu, nous sommes le tube en vérité, nous accueillons le présent et c’est du présent avec des mots dedans et c’est les mots de dieu, c’est les mots de la criture de dieu
et légen sont dans l’écriture, ils n’existent pas au dehors c’est dans l’écriture que légen naissent, l’écriture c’est la matrice c’est elle qui moule elle moule son gen en gestation, la poche-à-gen c’est de là qu’il sort, un gen sort d’une page de criture et mieux même, un gen sort du geste c’est du geste de criturer qu’on sort dehors pour exister
je ne parle pas du résultat je parle du geste ce qui est interessant c’est le geste, le résultat c’est pas interessant, le résultat toumonde a des résultats des bons et des mauvais résultats des résultats qui plaisent ou des résultats qui ne plaisent pas mais un geste peu de gens sont dans un geste, un geste est une manière de faire qui est une manière de vivre, un geste de criture fais vivre un texte et dans ce texte plus rien ne sera comm’avant, la vie d’avant ne sera plus comm’avant avec ce texte de criture, fait d’un geste un, fait d’un nouveau geste un, un geste qui ne s’applique qu’à ce texte ne s’applique qu’à l’être de ce texte, un geste qui est le terrain de vie de ce texte, un geste d’amour donne un acte d’amour un, qui est dans le temps de l’amour, un, qui est le temps de le vivre et le geste est la mesure du temps qu’il fait être, fait être l’amour maintenant et refera le geste pour faire l’amour à venir et c’est là maintenant c’est le geste et l’amour n’a pas de résultat l’amour ne donne rien que son geste un geste on a beau dire ya rien à dire d’un geste légen sont dans la criture et l’écriture criture légen d’un seul trait comme ça vient la criture ne se pose pas de question et quand elle voit un gen elle lui vient et elle le criture comme ça comme ça vient
et un gen est une phrase qu’il ne sait pas lire, et tougen sont un texte qu’ils ne savent pas lire et c’est justement parce qu’ils s’obstinent à vouloir lire qu’ils ne peuvent pas se lirent, ils oublient de parler sans savoir, et s’obstinent à lire, le gen cache le texte, le gen est le point aveugle du texte, il ne le voit pas et ne peut pas le lire, mais il parlerait sans texte qu’il agirait son être, qui est le geste du texte, mais ils veulent trouver le texte avant de parler, et oublient leur geste qui est d’être le geste qui est de gester son texte, le gester en direct en parlant maintenant