Claude Favre | 1_précipits_ & 8_impeccable extérieurement
Claude Favre poursuit ses recherches d’une écriture très proche du souffle, la poésie comme pensée près du corps, des mouvements, des vues qu’on a d’en bas, penché vers le sol.
Les textes que nous publions ici sont extraits d’un ensemble en cours, titré Scories, stories, scolies & scalps_ou comment Laocoon.
Ils ont paru dans la revue L’Étrangère, n° 23-24, automne 2009 ; merci à Pierre-Yves Soucy pour son aimable autorisation.
Pour les voir et lire comme les a conçus l’auteur, ouvrir les pdf.
LG
1_précipits_
formes en tentatives et l’échec qui va d’aventures en fossés des fois puits comme du fourreau on tire
flèches et larmes ne préfère pas la trêve au combat
à l’épreuve des langues s’en injecter mitraille et ondes de choc
cascade d’acouphènes aucun allié
énorme bandaison étoilée collision pour langue sortie définitive des capitaux quoique
le cours des momies toujours d’actualité
par la forme commence la forme tranchant le cercle de nos nuits par
sacrifices d’arrivées laisser une empreinte est une façon de s’en aller
la forme propose une énigme ses épidémies
c’est ce qu’on appelle une guerre vache fumante sous pluies tombe rien
qu’une question du comment sans pourquoi
ce n’est pas une fiction c’est une langue déveines de peau qui n’est pas une ce n’est pas une démonstration juste
un monstre pour ne parler de sans dire
par muscles c’est une fiction sans données objectives pour ne revienne l’oiseau la proie en main du fauconnier que ne revienne
des spectres que la couleur nuance c’est un bestiaire ça concours de circonstances tues c’est l’homme pour lui la bête à hue
d’un fil c’est mostra la langue se faire la belle à diable
c’est la faute à Laocoon plus muet que l’écho de ses mots c’est grâce à Laocoon qu’hirondelle philomèle
parler m’impossible me taire périlleux le saut
grand inspir expédier les affaires courantes autopsier la langue que je sais pas
parler viendra que la vie vaille il m’en de vous et envie d’une poussée la langue de questions
enfin il me semble si je ne sais si je n’en peux mais
8_impeccable extérieurement
montrer voir dire autre chose tandis que pérenne le train du monde c’est insupportable on rentre au chaud de soi bien recroquevillés piteux jamais jamais ne me plaindre du temps ne le dire ne ferai refuserai ne cèderai le sang m’enbouillonne les nerfs me perdent à penser je n’en sais rien que d’un choléra qui ravage le Zimbabwe atteint par la saison des pluies alors que Mugabè s’offre vacances luxueuses dès lors ma tête n’est plus la mienne rien n’est de nouveau m’évanouis
ça me triste mal propos antisémites aux Halles lorsque risquée à comme cueillir les restes légumes et fruits au sol foulés et ce type ce je le connais en d’ailleurs effroyables ricanant des juifs bigoudens ça on sait comme ils sont et crochus et me voyant déjà vue écrase talon la loi vengeur deux rabougries pommes à terre un pauvre pauvre chou deux oignons rien ne se perd et ma pomme au goût colère mais plus que plaisir la lumière rasante presque rose dorée_lundi 12 janvier je marche en bien d’autres projets
les pieds sur terre tangue tandis que lune est ma petite merveille à minuit au-dessous de zéro dehors et combien dedans mon cœur momie ou ce qu’il en _mardi matin 13 janvier les herbes sont de givre craquantes comme le papier qui résiste et du sang encore ne suis-je desséchée quand de poisses aussi d’évanouissements un de plus contre carrelage dans les toilettes du cyber l’entaille est décorative dans ma vie combien de temps ailleurs ainsi et le soir mes textes en voltige vide soudain fêlée tête ploie
peut-être comme un kaddish de lien et déliaison en hommage à lui parti l’ami pendu et moi vivant de quel droit et quelle et comment sinon à ce jeune couple réfugié dans le local à poubelles des Halles par la Ville harcelé pour leur bien_jeudi 15 comment penser dans ce froid j’ai de trop une couverture
Pierre Ménard a rendu compte de ce n° de L’Étrangère.
On peut le lire en ligne.
Lire aussi, de Claude Favre et du même n°, Bégaiements dans l’anthologie permanente de Poezibao.
Retrouvez cette revue sur le site de son éditeur.
La maison d’édition coopérative publie.net a publié Précipités, on peut le lire librement sur le site de l’éditeur ; Bruno Fern en a rendu compte sur Poezibao. Lire également Des os et de l’oubli.
De Claude Favre nous avons déjà publié, notamment, ici est la rose, ici il faut danser - en sept épisodes, on commence ici. Tous ses autres textes sur remue à partir de cette page.