Histoires de consonnes et de voyelles
Il a pu parler de ses débuts au Théâtre des Amandiers à Nanterre au temps de Patrice Chéreau, de l’avantage de la pratique sur la théorie quand on s’apprête à exercer un métier aussi physique qu’intellectuel, de ses premiers tournages avec Arnaud Desplechin, de la maturité d’un comédien comparée à celle d’un, je cite, bon pinard, des consonnes véhicules de la pensée alternant avec les voyelles véhicules de l’émotion (ce qui est aussi, peu ou prou, une distinction de la kabbale, concernant la lecture), de l’articulation, du timbre, et de la façon de se placer à la bonne distance devant un micro.
Il a raconté comment il est entré fringant à la Comédie Française, et comment il en est reparti, relativement rapidement, toujours fringant, avant de se défringantir, pour « sail about a little and see the watery part of the world », comme disait Ishmael.
Il a raconté comment son frère Hugues, de presque vingt ans son aîné, est devenu aveugle à la suite d’un épisode terriblement romanesque, et comment, pour meubler l’obscurité de ce frère écrivain, il a pris le temps de lui lire des livres, prenant goût pour la lecture à haute voix – un goût jamais démenti depuis.
Il a été question aussi de chamanisme, mais comme le dit Lou Jacobi dans Irma la Douce : « c’est une autre histoire ».