Jehan Bseiso | Après Alep

Jehan Bseiso est une poète, chercheuse et travailleuse humanitaire palestinienne qui a vécu trois ans au Caire qu’elle vient de quitter pour s’installer à Beyrouth.

Ce poème a été publié par MadaMasr et traduit
de l’anglais par Henri jules Julien.

De Jehan Bseiso lire aussi Printemps arabe, Plongée arabe.


 

Aux familles et aux amants au fond de la mer,
qui fuyaient la guerre en Syrie,
tentaient d’atteindre l’Europe.

 

Après Alep

J’ai tôt appris à lire.
Mais la vérité c’est que j’aimerais parfois que les lettres soient restées plus longtemps ces drôles de dessins d’avant l’importune tyrannie des mots, d’avant que d’autres langues aient trouvé une demeure dans ma bouche.

Ce n’est pas littéralement ce que je veux dire.

Tu disais : un jour nous retournerons à Alep.

Ce n’est pas littéralement ce que tu veux dire.

Habibi, il y a quatre ans on hurlait pour que ça change et nous voici habitants de villes-frontières.
On passe de Turquie au Liban, en Égypte, mais on ne trouve pas Alep.
On a des bons alimentaires, et, des critères d’aide, et, de l’empathie intermittente.

Je n’écris plus de poésie.

Le bateau coule,
littéralement,
mais je ne veux pas quitter cette pièce.
Elle sent le jasmin et tu as goût de liberté.

Jehan Bseiso.

6 janvier 2016
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