La ligne de mots est un marteau
La ligne de mots est un marteau. Tu t’en sers pour explorer les murs de ta maison. Tu les tapotes, doucement, partout. Après les nombreuses années passées à étudier ces choses, tu sais à quel bruit prêter l’oreille. Certains murs sont porteurs ; il faut qu’ils restent en place, sinon tout l’édifice s’écroulera. D’autres murs peuvent disparaître sans dommages ; tu sais entendre la différence. Malheureusement, c’est souvent un mur porteur qui doit disparaître. On n’y peut rien. Il n’y a qu’une solution, qui te consterne, mais c’est comme ça. Flanque-le par terre. Gare.
Annie Dillard, En vivant, en écrivant (éditions Christian Bourgois)