La nouvelle de la semaine 2 : "Le pont sans retour"
Le pont sans retour
écrit par :
- Mahmadou SYLLA
- Souleyman FOFANA
A partir de la réalisation de 4 collages.
Chapitre 1 : un projet délirant
De 1920 à 1960, il y avait seulement un chemin de fer entre Paris et Marseille. C’est un ingénieur malien qui l’avait construit. Il s’appelle Souleymane. Il est né en 1900 à Kayes.
En 1960, le grand ingénieur Zaki, né en 1908, a décidé de construire entre Paris et Marseille un pont immense, délirant, de 1000 kilomètres de long. C’était un pont incroyable, un projet vraiment fou, un challenge : du jamais vu !
Pendant la construction du pont, beaucoup d’ouvriers ont disparu mystérieusement. On ne sait pas où ils sont passés. À ce moment-là, l’ingénieur Zaki s’est dit que quelqu’un était sans doute derrière tout ça. Et si c’était le diable ?
Chapitre 2 : sur le pont
Sur le pont, justement, le diable apparaît. Impossible de se défendre. Le diable capture Zaki :
« - C’était donc toi, le diable, qui étais derrière tout ça ! dit Zaki. »
« - Et oui ! Après les ouvriers, j’ai capturé l’ingénieur ! » Le diable rit diaboliquement.
Alors, Zaki lui dit :
« - Ho ho ho, le diable ! Laisse-moi la vie sauve ! Et laisse-moi construire ce fameux pont dont tout le monde parle. En échange, j’ai un marché à te proposer… »
Le diable écoute la proposition de Zaki. Il réfléchit. Et finalement, il accepte.
Chapitre 3 : l’œil gauche
Une fois qu’il a construit le pont, Zaki organise pour sa femme un dîner dans la cour, au clair de lune. C’est très romantique. Zaki a préparé le plat préféré de sa femme. Il lui offre des fleurs rouges, blanches et roses. Il lui caresse les mains et il lui dit :
« - Élisabeth, ma chérie, j’ai construit ce pont pour toi. J’aimerais énormément que tu sois la première personne qui le traverse à pied. Pour toi, j’ai pensé de très belles vues dont tu pourras profiter en marchant. Le son de l’eau sous le pont apaise l’esprit. Tu ne seras jamais fatiguée en traversant ce pont. »
Élisabeth accepte (elle est bien obligée – c’est son mari).
Le lendemain, elle s’engage sur le pont et part pour Marseille. C’est aussi joli que son mari lui a décrit. Il y a des arbres et des buissons verts. On dirait un chemin vers le paradis. Jusqu’à la moitié du pont, tout se passe bien. Mais arrivée à la moitié du pont, soudain Élisabeth entend comme un coup de tonnerre. Pourtant, il n’y a pas de nuages, et pas de pluie.
Invisible, le diable est pourtant là. Il dit :
« - Quelle belle femme ! J’ai vraiment gagné au change ! Ça valait la peine d’accepter la proposition de Zaki ! »
Élisabeth sent quelque chose d’étrange. Elle se retourne. Elle voit le diable. Il tient dans sa main un lasso de feu. Son œil noir mange la lumière. Ses mains ont seulement quatre doigts. Et ses pieds sont des sabots poilus.
Élisabeth pousse un cri strident. Elle commence à courir. Mais le diable surgit sans arrêt devant elle. Après plusieurs heures, elle tombe par terre. Le diable se rapproche. Élisabeth, en pleurs, dit :
« - Qu’est-ce que tu veux de moi ? Pourquoi tu ne me laisses pas tranquille ? »
« - Comment ça ? Tu n’es pas au courant ? » demande le diable.
« - Au courant de quoi ? » demande Élisabeth.
« - Eh bien, ton mari et moi, nous avons conclu un pacte ! » explique le diable.
« - Quel pacte ? Je ne comprends rien ! » s’énerve Élisabeth.
« - Ton mari t’a sacrifiée pour que je le laisse construire son pont qui passe en plein milieu de chez moi. Et maintenant, toi et moi, on va faire une petite promenade pour l’éternité… ! »
À ce moment-là, Élisabeth a une idée de génie. Elle dit :
« - Laisse-moi la vie sauve ! En échange, j’ai un marché à te proposer… »
Le diable s’apprête à dire « non ». Mais soudain, il éprouve de la tendresse pour cette très belle femme. Eh oui ! Même le diable peut ressentir de la pitié !
Le diable écoute la proposition d’Élisabeth. Il réfléchit. Et finalement, il accepte.
« - Mais en échange, tu me donnes quelque chose, » ajoute-t-il.
Et le diable prend l’œil gauche d’Élisabeth.
Chapitre 4 : l’œil droit
Élisabeth continue sa route vers Marseille. Le diable retourne voir l’ingénieur Zaki. Et il lui demande :
« - Où est ton enfant ? »
« - Quel enfant ? demande Zaki. Je n’ai pas d’enfant ! »
« - Comment ça ? J’ai conclu un pacte avec ta femme ! hurle le diable. Sa vie sauve contre votre enfant ! Ah ! Puisque c’est comme ça, je vais vous faire disparaître tous les deux !
Zaki est estomaqué. Élisabeth est vraiment très rusée ! se dit-il. Et puis il dit encore au diable :
« - Mais je ne t’ai jamais trompé, moi ! C’est de ta faute, si ma femme s’est échappée ! Donne-moi une dernière chance, je t’en supplie ! Je vais te ramener Élisabeth. »
« - D’accord, répond le diable. Mais c’est la dernière fois ! Et en échange, tu me donnes quelque chose. »
Et le diable prend l’œil droit de l’ingénieur.
Chapitre 5 : souvenirs d’Élisabeth
Élisabeth et l’ingénieur Zaki étaient de jeunes étudiants quand ils se sont rencontrés à l’université. Élisabeth éprouve de la nostalgie pour cette époque. Elle revoit les photos. Elle repense au passé, aux pique-niques dans la jupe des montagnes. À côté d’un ruisseau, les feuilles bruissaient dans le vent à la cime des arbres. Sous le soleil, il y avait des nuages. Zaki et Élisabeth s’amusaient à trouver à quoi chaque nuage ressemblait. Des oiseaux donnaient pour eux un grand concert naturel. Chaque matin, le soleil inondait la maison par la fenêtre. Et des petits enfants jouaient dans la cour. Élisabeth aimait diablement son mari !
Tout à coup, on entend une alarme. Élisabeth sort de ses pensées. On est le premier mercredi du moi et les pompiers testent leurs sirènes.
« - Ah ! Si seulement il n’y avait pas eu ce pont ! se dit Élisabeth. Que faire ? se demande-t-elle. Si seulement le diable pouvait tuer mon mari ! »
Et Élisabeth commence à pleurer avec son unique œil droit.
Au loin, les sirènes des pompiers continuent de hurler.
Chapitre 6 : la fuite d’Élisabeth
Soulagé, même s’il a un œil en moins, l’ingénieur Zaki dit au diable :
« - Merci, c’est promis, je te donnerai ma femme. »
« - Attention, dit le diable, rendez-vous dans trois jours ! Pas un de plus ! »
Alors, Zaki part à Marseille. Il arrive là-bas vers 18 heures. Et tout à coup, il tombe sur Élisabeth. Ils commencent à se disputer. Élisabeth dit :
« - Tu m’as sacrifiée, espèce de monstre ! Moi, je ne t’ai jamais sacrifié ! Tu sais bien que je t’aimais ! Tu étais ma vie ! Le diable a fait ce pacte avec toi pour te mettre à l’épreuve ! Tu n’es qu’un faible ! Et le diable, c’est un mytho ! »
Zaki se défend :
« - Mais Élisabeth, regarde ! Moi aussi, le diable m’a pris un œil ! »
« - Pffff, je ne comprends plus rien à toute cette histoire ! » soupire Élisabeth.
« - Écoute, dit Zaki, arrêtons de nous disputer. Voilà ce qu’on va faire : on va voler un enfant, tu vas venir avec moi, et on va le donner ensemble au diable, et après, on sera tranquilles. »
« - Voler un enfant pour le donner à ce maudit diable ? crie Élisabeth… Non, moi, je refuse. Et elle s’enfuit. »
Trois jours plus tard, le diable apparaît. Il trouve Zaki seul. L’ingénieur ne sait pas quoi dire. Alors, le diable le fait disparaître, comme les ouvriers du pont.
Chapitre 7 : justice est faite
Sur le pont, il fait frais.
Dans la pile du pont, Zaki est emmuré pour toujours.
Le diable sait maintenant qu’Élisabeth n’était pour rien dans toute cette histoire. Il va la voir.
« - Qu’est-ce que tu me veux encore ? » demande doucement Élisabeth au diable.
« - Je voulais juste te dire que tu ne reverras jamais plus ton mari, lui répond le diable. Et comme rien n’est de ta faute, je te rends ton bel œil gauche. »
Le diable rend son œil à Élisabeth. Et il garde l’œil droit de l’ingénieur dans sa main. Puis, il dit :
« - Tu dois partir, maintenant. Tu ne dois parler avec personne de cette histoire. Si tu parles, je te trouverai. Tu sais bien cela… »
Élisabeth acquiesce. Et le diable disparaît.
Chapitre 8 : la nouvelle vie d’Élisabeth
Après quelques jours, Élisabeth décide de partir vivre en Italie pour faire sa nouvelle vie.
Quand elle arrive, elle loue un appartement dans la ville de Rome.
Deux années plus tard, elle rencontre un homme israélien. Il demande à Élisabeth de venir vivre avec lui dans sa maison. La femme accepte. À côté de la maison de l’homme, il y a la mer. Chaque jour, l’homme et Élisabeth partent à la plage pour pêcher, prendre l’air, regarder les oiseaux.
Élisabeth est très heureuse avec son nouveau copain. Elle essaie de laisser tout son passé derrière elle. Certains jours, elle arrive à l’oublier.
Elle trouve du travail. Et elle a des enfants.
Elle a vraiment une vie meilleure, maintenant.
FIN