Miettes &| Armand Dupuy
à Dominique Quélen
1.
on sèche
à la fenêtre
la tête sale
comme une seule
meule ou narine
noire
bouchée de phrases
qu’on tourne
et retourne
et qu’on n’en sort plus
les pieds dedans
sans moucher
bas
on reste alors
le torse en nage
dans le flux
toujours
de lumière
droite
qui serre
l’oeil sur
la ligne
et rien
qu’un pet franc
d’iris
rallonge
(on dirait)
l’espace entre
le mur
et les murs alors
2.
chaise –
corps avachi
le bois marque
la peau
creuse
/
monte un jus
sans vertu
dans lequel
on trempe
tête et pieds
liés
pour finir
les yeux ne font
qu’une chiure
de mouche
un petit point
peureux serré
sur la vitre
pour ne plus voir
que la vitre
/
et la tête toujours
filament
miettes
l’épaisse main
du père
y broie des orties
jusqu’à
l’odeur
3.
à flot
sur le trop
des genêts
/
plus qu’à ramer
ces mots / ce bruit
de chute
rassembler vite
les bras
l’arrière noir
d’une tête
la nuque aussi
les cendres
le tout pêle-mêle
et vite
sur la même
lèvre en deux
talée
qui répète
ramener
d’un bloc
finir
4.
rien ne bouge
/
l’œil presse
à s’en faire mal
l’espèce de vitre
que font
les pages
on accède vite –
le gris se donne
avant même
qu’on y soit
les murs martèlent
un bleu franc
son peu
d’air
ce bleu
ne suffit pas
on aurait pu dire aussi
ce bleu suffit
pour ne pas
c’est égal
/
déjà noté
quelque part
la table stabilise le tout
5.
ciel ouvert
un nœud pense
sous l’omoplate
se serre
/
les rideaux mettons
les plis que fait
l’ampoule
n’importe
nulle phrase
ne lance
je n’avance
qu’un post-it
vierge
entre les yeux
puis rien
(Extrait d’un ensemble intitulé Ce que) - D’autres textes sur Remue ici et ici
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