Noor Naga | Le garçon n’aime pas partager
Noor Naga est une écrivaine d’Alexandrie, née à Philadelphie, élevée à Dubaï, qui vit maintenant à Toronto avec une sœur adolescente qui dit d’elle qu’elle parle dans son sommeil. Noor cannibalise les histoires et est secrètement terrifiée par le point de vue du narrateur à la troisième personne. Elle termine une maîtrise en écriture créative à l’Université de Toronto et travaille à un roman qui se déroule à Dubaï où il est question de classe, de race et de foi. Mais aussi de l’espace entre deux filles qui sont plus et moins que des amies.
Publié sur le site de Youssef Rakha, il a été traduit de l’anglais par Henri Jules Julien qui nous l’a transmis et que nous remercions.
Youssef Rakha et Henri Jules Julien sur remue.
Le garçon n’aime pas partager
Comme on sait que la ceinture du père a des
dents de métal qui claquent, on ne
réfléchit pas pour s’agenouiller.
On s’agenouille. On s’agenouille
pour satisfaire avant que le mot soit
entendu ou que la langue de cuir
glisse sèchement à travers les boucles.
Si on est enfant unique, resté
à la maison après l’école, qu’on a mangé
tous les bonbons-cola qu’on voulait
tandis qu’à l’hôpital une mère allongée pousse,
on doit être prudent à la satisfaction.
Lent et prudent pour éviter les
poils coincés dans l’appareil dentaire.
Ça blesse un père et
ruine l’ambiance. Dents métalliques
contre dents métalliques.
Quand on voit la constellation
sur le crâne de sa sœur,
on appuie de suite sur les trous.
Ces trous fragiles et souples au beau nom
de fille, fontanelle.
Noor Naga