Polars à perpétuité ?
On se souvient de la lutte en faveur de Cesare Battisti, qui avait trouvé en France une vie apaisée, familiale, écrit ses livres, approchant de sa future naturalisation, tout cela grâce à la confiance qu’il avait accordée dans la promesse de François Mitterrand.
Un « terroriste » italien, immigré, ayant tiré un trait sur « les années de plomb », qui avait été condamné sur les dires d’un « repenti ».
Et puis, ici ou là, ses « polars » à la merci, au merci de leurs lecteurs.
Le 31 janvier dernier, « Le Canard enchaîné » laissait déjà entrevoir qu’une opération « profitable » au ministre de l’Intérieur en place pourrait bientôt s’appuyer sur l’arrestation de « l’écrivain et gardien d’immeuble à Paris ». Mise au pilon, mise au pilori : difficile d’écrire avec des menottes.
Ainsi, Cesare Battisti a été arrêté au Brésil, le 18 mars, à Rio de Janeiro, grâce à la collaboration, aux « renseignements » et aux écoutes de la police française. A quelques semaines d’une échéance électorale mineure. « L’identité française » sauvée in extremis des ruelles obscures où se déplaçait un dangereux « rital ».
La Cavale s’est transformée soudain en une claudication d’Astragale…
Des menaces planent même sur le comité de soutien de Cesare Battisti. Mais aucun sondage n’a été publié, pour l’instant, sur l’intérêt porté par les Français sur le sujet.
Etre condamné à perpétuité, n’est-ce pas finalement le sort de tout un chacun ? Il y aurait pourtant un terme à la peine par contumace : la mansuétude, le pardon (quelles sont les preuves des crimes imputés à Cesare Battisti ?). Ou bien alors, tout simplement la sanction définitive, sans parole avocate, celle qui dit le droit sûr de son fait, à défaut de l’éclair regretté du couperet.
Mais les portes d’une prison italienne pourront peut-être claquer, avec le hoquet métallique du verrou, sur le prisonnier expiatoire, les pages des livres de Cesare Battisti tourneront encore sous nos yeux, dans le bruissement de fureur s’échappant du papier.