Raharimanana | Danse
Lire le compte rendu de Za, roman de Raharimanana.
Sous les mots, l’épave des sens, prendre pied. Trop à voir l’horizon, je n’ai pas assez de mot.
Bégayer la terre qui tourne vertige. Vomir réalité.
Saisi. Saisir. Saisi.
Le présent se meurt. Ai-je ? L’histoire est cette femme qui met bas à chaque fois qu’on la raconte, le temps file. Mes mots se forment à peine. Forme, peine. Format, mat, morne, mule de toutes les charges – charges du sens, l’impossible entreprise.
Les mots nous dégorgent.
Nous y voici.
La langue.
Trempée à mes lèvres pour la lie
des vagues, ou comme avec
cet autre ami – il se reconnaîtra,
valdinguée à mes délires
sur les frontières du cola et du jazz.
J’ai pris racine les soirs d’exil
et de défoulement avant de
narrer mes contes à dormir debout.
Il était une tour à Babel. Après, ce fut le bordel.
Si le rêve est de sable, mon écroulement est parfait…
guetter le chemin du vent et m’y
engouffrer le moment venu,
m’étendre pour feuille morte et partir à la première brise, prendre
pied l’horizon et passer coûte que coûte,
passer… L’eau salée, vomie des entrailles.
Les chants éventrés ont goût de salaisons avariées.
Qui a dit qu’il fallait attendre ?
Ne pas bouger, seuls les rêves d’enracinement attrapent les cimes…
En marge de l’infime, que faire du néant quand il vous emplit ?
Me promener juste, envie de m’égarer. Et de-ci de-là mon cœur comme mes
rancœurs, à perdre, à délaisser. À l’alentour, ne prêter aucune attention ; au loin ne
jeter aucun regard, seulement voleter au ras du sol, survoler,
marauder comme l’enfant du zéphyr joint par l’aube grise,
l’envie de filer sur un trop-plein de brouillard, si lourd pourtant, d’opacité,
enfant du zéphyr que je suis, ivre de chant sous le procès des ondes et des eaux murmurantes.
Sur le fil du temps, la vérité marchant comme un funambule, un pas de côté, et la voici mensonge.
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