En regardant un photogramme arrêté hors de son contexte, les mots stagnants et pour cela volants, on a découvert que la poésie –comme on le savait depuis toujours- c’est de la pêche. C’est la quiétude morbide où s’accumule l’expectative du mouvement et son accélération, tandis qu’on est traversés par des neutrinos en essaim. Ou c’est une révélation de la langue qui arpente la mémoire.
Comme le silence.
Le photogramme était le silence.
Soit. Mais quoi que ce soit
ce qui le déclenche,
le stoppage de l’information
devient la possibilité de.
Les langues sont des façons de garder les secrets.
Nous montons dans l’ascenseur qui vient du subcontinent.
Les romans réalistes tellement tendance
sont si inintéressants. On ne peut pas se laisser
enfermer entre leurs pages qui disparaissent
façon « journal d’hier ». On s’évade
d’un livre de ce genre, comme d’un foyer.
Le troisième jour de la résidence je, tu, elle nous n’étions pas toujours assignées à.
Nous descendons de l’ascenseur qui vient du subcontinent.
Poète, essayiste et traductrice argentine, Roxana Páez a publié une quinzaine de livres (le premier d’entre eux sur Manuel Puig), la majorité en castillan. Impasse de la Baleine est son dernier ouvrage paru qui attend sa traduction en français. Sa langue étrangère y expérimente son Paris d’adoption, son quartier témoin des migrations de deux siècles. Quartier palimpseste et babélique. On peut lire en français trois de ses titres : Le journal de la china (Là où le diable perd son poncho et le renard et le lièvre se disent bonne Nuit) et l’anthologie Lettera rarissima, tous les deux bilingues, publiés à Marseille par Fidel Anthelme X, ainsi que Brindilles à sa flambée, éd.bilingue, Paris, Cordoba, coédition de Reflet de Lettres/ Alcion.