Sept rubans
au cou d’Olympia
Balises au néant, rubettes et rubans : des œuvres, des pratiques d’artistes balisées de rubans dans une topologie d’assemblages et de relations entre matériaux, formes, supports et significations pour une expérience du regard toujours à refaire.
– J’ai envie de vous aimer !
Quelle qu’ait pu être la cause du déchaînement de cette fille, brièvement apparue mais dont la silhouette fragile et instable ne manquait ni de grâce ni de juvénile élégance, il était pénible de se dire — pour un étranger tel que moi dînant en famille dans un restaurant dûment catalogué — qu’il y avait là, quelque part au-dehors, cette éperdue qui frappait à tous les carreaux, ne sachant à quel saint ou à quel diable se vouer pour éviter de rester seule en face de son tourment. [1]
Elle traverse une dernière fois la chambre d’Olympia, le lit n’est pas défait, il a changé de place. Juxtaposition de propositions entre lesquelles le lien de dépendance n’est qu’implicite. « Lorsque dans une chambre donnée, on change la place du lit, peut-on dire que l’on change de chambre, ou bien quoi ? » [2] Pas de réponses ( [c’est] magnifiques ! ) tout est ruban :
Ruban couleur de nuit mais qui aide à voir clair
Ruban dont la noirceur de jais semble vouloir faire pièce à la gomme du néant.
Ruban lanière de fouet malgré ses airs de mouches du coche.
Ruban qui donne du goût plutôt qu’il n’enjolive.
Ruban que la crudité de la vie appelle comme un assaisonnement.
Ruban de fête qu’on porte même les jours ouvrables.
Ruban le meilleur marché en même temps que le plus cher.
Ruban que l’on doit apprendre à nouer et non abandonner au vent.
Ruban dont le charme s’exerce là où votre gorge se serre.
Ruban qu’il faut rouler et dérouler pour, de fil en aiguille...
[3]
De fil en aiguille, énoncer une mystérieuse figure de femme. L’émotion se donne comme point de départ, le trouble, l’absence, le vacillement du désir sont en jeu. Or, un soir, quelque chose de fugitif et d’essentiel, un cri, un enchaînement, une déflagration de mots « J’ai envie de vous aimer ! » et le texte ne tisse plus, il déchire.
En la plus petite partie du temps qu’il soit possible de considérer, les déchirures s’inscrivent sur les murs voûtés comme sur un dos qui a trop porté de lourdeurs et dessinent au ciseau à cranter des courbures enrubannées polychromes.
Architecte de la lumière, le regard irrigué par l’intensité colorée qui circule et oscille entre les murs, Anne-Marie Pécheur bâtit la surface de la part visible de la paroi pierreuse et ouvre en grand l’invisible qui s’élève au dessus du strictement formel. L’artiste nous délie des évidences édifiées, seule perdure l’évanescence du bâti d’une fée couturière, son geste d’assemblage de rubans lumineux.
La lumière rétroprojectée sur l’architecture de l’exposition
“L’envers de l’endroit” fait immédiatement pénétrer le regard à partir de ce qui se voit dans ce qui ne se voit pas. Mise en acte de la contemplation, le rapport vivant au lieu contemplé [au support] influe sur celle qui regarde une œuvre de peintre qui ne se voit pas pour donner sens à ce qui se voit : un florilège de formes colorées.
La langue picturale d’Anne-Marie Pécheur relève aussi d’un jardinage. Aux côtés des grandes figures végétales sur Plexiglas, réalisées pour l’exposition à Aussillon en 1996, l’artiste note :
« J’ai pris le lieu comme un objet à orner, à décorer, en le gardant comme support, comme si tout était Un, unique espace où les fleurs viennent tracer les ombres, plantées de face, évidées ou tranchées, elles se développent en rang en ordre, elles déclinent et reprennent les fenêtres, ce qui est le ciel dehors, ce qui est le bleu dedans. J’ai jardiné depuis vingt jours mes plantes en les traçant comme sillage, en les emplissant, semis, boutures, fleurs énormes, dans une folie jardinière, irriguée par l’intensité de l’énergie de la lumière qui circule et oscille entre ces murs. »
Pour contempler ce qui ne se voit pas et ce que montrent majestueusement les rubans, la femme qui a envie d’aimer s’enfonce sous la pénombre de la voûte et regarde la mise en lumière : Les Mimosas, théâtre d’ombres.
[4]
Manet aussi peignait des fleurs sous enveloppe [5] : une branche de muflier, des pervenches, un bouton de rose, des églantines, une pivoine, des chrysanthèmes et un bouquet de violettes.
Sept d’un coup ! Comme le Brave Petit Tailleur la femme assemble sept variétés d’un coup et fabrique un bouquet luxuriant comparable à celui que la servante noire présente à Olympia. « Les éclats et les dissonances de la couleur ont tant de puissance que le reste se tait : rien alors qui ne s’abîme dans le silence de la poésie. » [6]
Une branche de muflier
François n’était pas destiné à aplanir les relations entres les ennemis, mais à les bouleverser, à les rendre proprement infrayables. Quand le loup de Gubbio [7] s’élance férocement vers lui, le Poverello appelle la bête terrible « frère » et lui donne la salutation familière « Paix et tout bien ».
Edouard n’était pas destiné à conter fleurettes aux petites bourgeoises, mais à mettre leurs regards en désarroi devant le portrait qu’il faisait d’elles. Quand, en 1880, trois ans avant sa mort, il dessine, peint, écrit une Lettre à Isabelle Lemonnier, ornée d’ une branche de muflier, il est immobilisé dans un lit de clinique, se fait peintre de plein air en chambre, et se souvient de la lumière indécise d’ une serre, de l’ombre d’un marronnier, ou d’une bordure de mufliers.
La souveraine indifférence du modèle au cou encerclé d’un ruban, aux yeux de Michel Leiris n’était pas destinée à étrangler la pudeur, mais à ouvrir le regard aux désirs d’éternel recommencement. Quand Olympia émerge nue comme une fille la branche de fleurs sans éperon mais avec une bosse à la base de la lèvre, l’inférieure pourvue d’un renflement important, le muflier se nomme aussi « gueule de loup ».
– T’as le don, Marie... tu comprendras les loups, tes mains pourront barrer et guérir les morsures faites par eux... [8]
Anne-Marie n’était pas destinée à projeter sur les murs les motifs floraux bordés de
dentelles et de rubans qui demeuraient auparavant dans sa peinture, mais l’artiste qui a le don de l’empreinte, de la trace en creux, du signe, de l’obscurité et de la lumière, des surfaces qui confèrent à la peinture un statut de couleur écrite, enracine l’écrit, [l’inscrit], dans le mur, lui donne l’épaisseur que ni ombre ni rêve ne possède et donne jour à un ruban de muflier.
Des pervenches
Un génie angélique aux yeux iris bleu clair entouré d’un anneau couleur pervenche avait regardé fixement la femme venue crier son dénuement devant La vie de saint François peinte par Giotto dans la basilique supérieure d’Assise. Sans se demander si le peintre avait été fidèle à la pensée du Saint ou à celle de l’Église, elle su ce que c’est que prier et Voir la peinture en bleu [9] : c’était le Sermon aux oiseaux. Le ciel, les arbres, l’herbe, les oiseaux, les deux hommes, jamais peinture ne lui avait semblé aussi bleue.
Boccace, dans une nouvelle du Décaméron, écrite environ dix ans après la mort du peintre, dit de Giotto qu’il possédait « cet art revenu à la lumière qui, pendant plusieurs siècles, avait été enseveli à cause des erreurs de certains qui peignaient plutôt pour plaire aux yeux des ignorants que pour satisfaire l’intelligence des sages. »
Edouard Manet dans sa chambre de malade peignait une floraison bleue de Pervenches dont l’aquarelle donnait aux pétales des aspects de transparence presque métallique. Les fleurs solitaires à l’aisselle des feuilles qui sont ovales et opposées et d’une facture colorée marquée de couleur brune, sont du genre Vinca, plantes basses couvrant le sol.
Vinca, l’amoureuse aux yeux bleus du Blé en herbe, avait tout deviné de ce qui c’était passé entre son amour et la Dame inconnue en blanc. Pourtant elle voulut partager le désir. « Pourtant tant d’années encore, Vinca, pendant lesquelles je ne serai qu’à peu près homme, à peu près libre, à peu près amoureux ! » Vinca comprend mal ce qu’il veut dire. « Quoi ? On peut donc n’être qu’à peu près amoureux ? »
Contre [tout contre] la “faute obscure” Michel Leiris a écrit les milliers de pages de son œuvre à caractère autobiographique : Ma très chère, tu n’es pas là et — grande ou petite, robuste ou gracile, ténébreuse ou ensoleillée — jamais plus, pour moi, tu n’y seras. Absente à cause de ma propre absence et, ni morte ni vive, reflet indescriptible de cet absence. [10]
Peu importe de rédimer le réel par la présence des pervenches, peu importe à l’artiste qu’une identification avec les fleurs observables soit possible et même s’il importe que cette plante ornementale, chère à Rousseau, soit à l’origine de médicaments efficaces contre les cancers, c’est l’invisible que vise l’écriture de la couleur bleue sur la part visible de la lumière.
C’est La robe bleue de Camille pendant trente année assise sur ces chaises où elle sentait la douleur revenir qui enlumine le mur et qui fait deviner un relief, un contour marqué, un labelle, un ligule, un stigmate, ou toute autre forme crue reconnaissable et qui ne ressemble plus à rien sauf à la foi invisible de la palette d’un peintre, un voir qui conduit au croire, une figure nécessaire pour figurer l’infigurable d’un bleu à l’âme. Nuno Júdice l’a écrit dans une bataille seuls les chevaux bleus sont invincibles, ils se confondent avec la couleur du ciel.
Un bouton de rose
ROSE - la chair des choses. [11]
Encore y-a-t-il le bouton, le bourgeon, la bulbille, l’éclosion, le commencement qui, une fois détaché et replanté, peut produire à nouveau la plante.
Edouard Manet a équilibré ses tons de rose sans aucun souci narratif. Il peint seulement des valeurs. Ce sont les mots écrits à Isabelle, dessus, dessous qui rubanent les sentiments.
Giotto avait aussi le sentiment de la couleur quand il peignait à fresque, dipingere a fresco.
C’est dans le frais au Musée du temps qu’Anne-Marie Pécheur inscrit en quelques traits de lumière le passage fugace de la chair des choses.
Sous une luge sur laquelle jouait K enfant est perceptible le mot
"Rosebud".
Des églantines
Noms des fleurs, mon livre de chevet, l’artiste choisit la page des Églantines et le “vieux compagnon” préserve de l’oubli, entre deux pages de Bagatelles végétales :
Pastis à la pistache (alcool local)
Voûtes touffues, rameaux remuants, branches basses :
nervures nouvelles pour la vue [12],
un exemple, un modèle, ce que c’est qu’un geste de consécration, une églantine de papier rose sous dentelles conférée ironiquement de la décoration communiste de “héros du travail”. [13]
« Moi, je n’ai d’yeux que pour l’homme, si mal à l’aise sur sa cathèdre, si peu conférencier — dans un débit haché, les mots semblent passer difficilement la barrière des dents — , sa grosse tête au crâne rasé rougissant sous l’effort ». [14] L’ethnologue poète a la peau rubescente de la fleur d’églantier, Rosa canina, famille Rosacées, tout arbrisseau épineux qu’il est, grâce à sa floraison et ses fruits, ses branches florales sont dépourvues d’épines (tandis qu’à sa main gauche le bouillonnement du leurre est à peu près du même rose que le grand nœud qui se chifonne à l’oreille de l’impassible Olympia) [15]
Le fruit de l’églantine, le cynorrhodon, se compose d’un fruit monosperme très dur et velu enfermé dans une urne charnue, rouge vif à maturité.
Une pivoine
Une pivoine dans l’œuvre d’Anne-Marie Pécheur n’est pas une fleur rouge, elle est une forme verte, une forme bleue, une forme soufre, elle est double, un pan, des éléments, deux fleurs panchées qui s’épanchent l’une vers l’autre, des yeux, des yeux hors de la tête qui se regardent au-dedans, elle est Dérives botaniques [16] qui viennent de très loin, de temps immémoriaux où la peinture était en train de naître, où la peinture ne voulait être que peinture.
Giotto peignait alors les petites fleurs que François contemplait avec les yeux de l’âme et Manet une pivoine mauve enrubannée d’un bouquet d’astragales à fleurs jaunes girandolantes.
Des chrysanthèmes
15 janvier 1966 : sur l’allée qui étend un long ruban de chrysanthèmes jusqu’à la dernière croix du petit cimetière de San Giorgio de Borgonovo, deux ans à peine après la mort d’Annetta, Annette accompagne une dernière fois son Alberto. Déjà six ans que l’ami Henri Cartier-Bresson a photographié le signe d’au revoir du fils à la mère, un au revoir qui toujours recommence : « [...] il va s’éloigner, mais ce n’est d’évidence, que pour quelques pas dans les bois ou plutôt encore quelques heures à l’atelier, qui est à la porte voisine, et nous savons donc que son au revoir annonce un proche retour. » [17]
En 1961, Alberto Giacometti et Michel Leiris se rencontrent dans l’oscillation distincte d’un “livre de dialogue” [18] où les dessins et les poèmes se fondent aux racines de la vie : Vivantes cendres, innommées.
Dans les arts asiatiques le chrysanthème fleurissant en automne, symbolise persévérance et vertu. Il est fréquemment considéré comme l’un des symboles du lettré. Manet à la fin de sa vie vers un art improbable peint ainsi que Mallarmé un éventail de fleurs d’or, des Chrysanthèmes
Vertige ! voici que frissonne
L’espace comme un grand baiser
Qui, fou de naître pour personne,
Ne peut jaillir ni s’apaiser.
[19]
[...] à chaque battement / Dont le coup prisonnier recule / L’horizon délicatement, dans le mouvement de la main du croire à travers le voir, dans chaque acte de sa vie, François veut montrer quelque chose et Giotto le représente soutenant la basilique sur le point de s’écrouler. Un élégant motif décoratif évoque un champ de chrysanthèmes et la mise en lumière a (un) lieu.
Un bouquet de violettes
Les violettes sont les fleurs préférées de la femme qui traverse le lieu. Berthe Morisot aussi préférait les violettes et le peintre y fait galamment allusion par la trace picturale d’une dédicace au nom de son amie à même un petit tableau.
Dans la langue de Flore, la violette signifie amour caché, innocence et modestie, dans le jardin des couleurs la petite fleur signifie différentes choses, comme dans un jardin de mots. Dans les grands yeux fixes du modèle le sens est en même temps donné et retiré, ainsi qu’ il est absent des grands yeux d’un enfant.
Un bouquet de violettes pourtant ne relève pas d’un “art mineur”, éternellement dans l’enfance et qui n’aurait jamais accédé à la maturité. Le jardin des couleurs de l’artiste ne peut être comparé à un “art des jardins”, car l’artiste « ne supportait pas l’idée que le jardin eût à être légitimé » [20] Dans une folie jardinière, irriguée par l’intensité de l’énergie de la lumière qui circule et oscille entre des murs, le langage des couleurs emploie des rubans attachés à un lieu, à un cou.
La femme remplace les pronoms personnels, ainsi et de la même manière que pour le langage des fleurs, en attachant à la tige des violettes un fil, un lien ou un ruban. Pour représenter “toi”, “moi” ou “nous”, elle fait un nœud à l’extrémité de la tige la plus longue.
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Dénouer l’unique et sa réplique est sans doute très difficile en matière de fleurs et d’œuvres d’art, mais en matière de rubans l’authentique est un leurre. Un ruban n’est qu’un accessoire qui fait joli et qui permet d’établir des relations inédites [accedere c’est “joindre”, “lier”] entre des personnes humaines, des choses et des lieux qui parfois ne s’y attendent pas.
Les assemblages de la vieille armoire aux secrets où sont accumulés des rubans ont du jeu et mettent en péril la résistance de l’ouvrage en bois. La femme qui s’est vouée à saint François et a conté Fioretti ferme pour l’instant les tiroirs du meuble branlant et ce qu’ils ne montrent pas d’être, mais d’êtres de nous “à l’infinitif pluriel” : qu’y a-t-il maintenant hors de nous ?
– Parfois et spécialement maintenant, j’ai envie de vous aimer et aussi votre ribambelle de rubans.
Parfois et spécialement maintenant, en ces jours qui porteraient à consulter voyantes et dresseurs d’horoscopes tant sont grandes les inquiétudes sur le proche avenir du monde, je pense à cette toute jeune femme aperçue à Cologne un soir d’il y a pas mal d’années et qui, zigzaguant le long du trottoir en une marche aussi proche de la course que de la chute avec des temps d’arrêt suivis de nouveaux et brusques départs, tambourinait des deux poings aux vitres des fenêtres de rez-de-chaussée qui se trouvaient sur son passage. Était elle ivre ou droguée ? Ou bien, désespérée, quémandait-elle un secours dont peu lui importait d’où il viendrait ? À moins que, révoltée, elle ne se fût seulement acharnée à troubler le calme des honnêtes gens dont les soirées se passent dans une douce intimité... [21]
[1] Michel Leiris, Le Ruban au cou d’Olympia, Gallimard, 1981. p.264
[2] Georges Perec, Espèces d’espaces, Galilée, 1974, p.36
[3] Michel Leiris, Le Ruban au cou d’Olympia, Gallimard, 1981, p. 275
[4] exposition au Musée Denys-Puech de Rodez et livre aux éditions du Rouergue
[5] Georges Mauner, Manet les natures mortes, Musée d’Orsay ( octobre 2000 - janvier 2001) RMN, Éditions de la Martinière, 2000, pp. 128-139
[6] Gorges Bataille, Manet, Skira, 1983, p. 69
[8] Claude Seignolle, Marie La Louve, Phébus, 1987
[9] « Incontestablement, les couleurs de la vision imaginale sont un déplacement du simple vers une élaboration plus complexe » François Rouan, Voir la peinture en bleu, L’Échoppe, 2004, p.22
[10] Michel Leiris, Le Ruban au cou d’Olympia, Gallimard, 1981, p.63.
[11] Michel Leiris, Glossaire j’y serre mes gloses, Gallimard, 1969
[12] Michel Leiris, Bagatelles végétales, Mots sans mémoire, L’Imaginaire/Gallimard, p.124 et 131
[13] Une carte de Michel Leiris envoyée à Maurice Nadeau, après publication de ses études sur son œuvre dans plusieurs livraisons des Lettres Nouvelles.
Maurice Nadeau, Grâces leur soient rendues, Albin Michel, 1990, p.426
[14] Maurice Nadeau, Grâces leur soient rendues, ib.note 13, p.424
[15] Michel Leiris, Le Ruban au cou d’Olympia, p. 39
[16] Dérives Botaniques, François Bazzoli, éditions Artgo, Bruxelles, 1998
[17] Yves Bonnefoy, Giacometti, Flammarion, 1991, p.12
[18] Yves Peyré, Peinture et poésie, Le dialogue par le livre, Gallimard, 2001, pages 168-169
[20] « Il détestait, il ne supportait pas ces discours, toutes ces théories élaborées depuis toujours et dont le principe général consistait uniquement à légitimer l’art des jardins par une comparaison avec un autre art, supposé plus noble puisqu’il servait de garant, comparaison qui n’était en réalité qu’une réduction, une soumission à des normes entièrement étrangères à la vérité même du jardin ; il ne supportait pas l’idée que le jardin eût à être légitimé, et encore moins qu’on prétendît le faire en fabriquant des analogies avec d’autres arts, il détestait l’idée que le jardin eût quelque chose à voir avecc la peinture, ou avec l’architecture, ou avec la sculpture, ou avec le théâtre, ou avec la poésie, ou avec la rhétorique, puisqu’on était là, disait-il, avait raconté Wilhem, comme au temps de Watelet, à croire que “ le noble, le rustique, le triste ou le sérieux ” pouvaient être des modèles de compréhension et de composition des jardins, ou même bien entendu avec les arts décoratifs, il détestait ces mots de paysagiste ou de jardiniste ou d’architecte paysagiste par lesquels ses collègues croyaient fin ou pertinent de désigner leur activité, comme si le vieux mot et le beau mot de jardinier n’avait pas été beaucoup plus juste et beaucoup plus riche de sens, tout chargé qu’il était de tout le poids d’une immémoriale expérience, en sorte d’ailleurs qu’il ne fallait pas s’étonner d’observer une parfaite coïncidence historique entre la disparition dans l’usage de ce terme de jardinier et la crétinisation de l’art des jardins ... »
Jean-Paul Goux, Les jardins de Morgante, Paris : Payot, 1989, p. 57
[21] Michel Leiris, id. note 1