Thomas Pietrois-Chabassier | Sur la rive endormie
Sur la rive endormie,
Couchée sur de la mousse,
Dans la lueur du soir,
Sans habit, sans plus rien,
Le souffle ralenti,
Et du sang sur les mains
Qui s’écoulait tout doux
Jusque vers les eaux calmes,
Une femme s’éveillait,
Et ses gestes étaient lents.
Il ne restait plus qu’elle.
Mais elle ne savait rien.
Les arbres déchirés,
Les villes écrasées,
Les peuples éventrés,
Et les animaux morts,
Il n’y avait plus rien.
Le vent soufflait, léger.
L’eau clapait.
La lune apparaissait,
Dans les reflets glacés du courant invincible.
Et elle plongea ses mains au fond de son visage,
Qu’elle ne connaissait plus.
Et dans l’eau noire et claire,
Ses cheveux se mêlaient aux couleurs dans les ondes.
Une feuille tomba,
Tout au milieu des cercles d’eau des bois et de sang.
Et dans la nuit, soudain,
Elle disparut.
A l’aube, il n’y avait plus rien.
Et les branches étaient mortes.