Wolfgang Hildesheimer, Masante

« Né en 1916, d’une famille juive de Hambourg, Wolfgang Hildesheimer émigre en Angleterre en 1933, puis en Palestine où il entre en apprentissage chez un menuisier, avant de retourner à Londres étudier le dessin. Il sera l’un des interprètes au Procès de Nuremberg, ce qui marquera profondément son oeuvre. Il publie son premier livre en 1952 et reçoit le prix Büchner en 1966. Il meurt en Suisse en 1991 ». (Note biographique Prétexte éditeur)

« Masante » est un texte ouvrant à d’infinies lectures, texte lui-même absorbé par l’angoisse de sa disparition, de son silence :

Où donc trouver le sens d’une fiction qui n’atteint personne ? Que devait-elle fixer, et pour qui ? Réussir une œuvre, je n’en suis plus capable, l’époque de la réussite est révolue, tout comme l’époque de ceux qui réclament encore des œuvres réussies.

La peur ruisselle dans cette écriture, écriture serrée à suffoquer par des mains invisibles, victime chassée à travers le récit par le couteau des bourreaux, ces mêmes bourreaux qui hantent l’œuvre de Kafka :

Mais ces derniers n’étaient pas à la solde d’une instance supérieure qui se fait reconnaître peu à peu comme un principe inconnu dont on entrevoit pourtant les profondeurs : gluant et malpropre, répugnant dans ses manifestations terrestres, il reste néanmoins supérieur à la personne de la victime, il sait trancher entre les possibilités de faute et décide la mesure du châtiment.

« Masante » est paru chez Verdier (1999).

On recommande l’excellente étude de Christine Chiado-Rana, Ergon Verlag, Würzburg 2003.

2 février 2005
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