« La douleur est un morceau de soleil »
à propos du livre de Philippe Rahmy Mouvement par la fin. Un portrait de la douleur, Cheyne, 2005, lire Aucun défaut de paradis par Dominique Dussidour.
Et sur remue.net la chronique de Philippe Rahmy.
Nous nous permettons de reprendre ici la recension d’Isabelle Rüf dans le Temps (Genève), le 16 avril 2005.
Philippe Rahmy. Mouvement par la fin. Un portrait de la douleur.
Cheyne éditeur, 60 p.
« La douleur est un morceau de soleil », relève Jacques Dupin dans sa postface à Mouvement par la fin de Philippe Rahmy.
Souffrance et lumière : la tension entre ces deux pôles donne à ce « portrait de la douleur » sa force et sa beauté. L’auteur, qui est né à Genève et vit en Suisse, est atteint de la maladie dite « des os de verre ». Il se casse, se déchire, la vie pour lui est hérissée de tessons comme ces murs hostiles aux intrus. Assigné au lit, au fauteuil roulant, à la chambre d’hôpital, il élargit cet horizon limité par l’écriture.
Ou plutôt l’approfondit. Pas de pathos, pas non plus de descriptions cliniques, ou alors transcendées par la précision et la violence de la langue.
Pendant qu’il « écoute ses os se briser », « il pleut des barbelés ». Il vit avec sa douleur comme avec une personne, un alter ego, exigeant, jaloux, qui ne lâche jamais mais sait parfois se transformer, « esprit légitime du corps qu’elle détruit » : c’est elle qui décide, interdisant toute transcendance. Mais dans les étroites limites qu’elle lui assigne, il parvient à « accéder au temps immobile d’une souffrance exprimable ».
Ceux qui visitent le malade en viennent tous à lui raconter leur souffrance, tant il a su, au cœur de la sienne, trouver une liberté.
© Isabelle Rüf - Le Temps, 2005.