Claude Louis-Combet / L'écriture au corps

 

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nouveau (juillet 2004) : C'est en ce quasiment que le poème... entretien avec Ronald Klapka, suivi de l'Enigme de la femme, par Claude Louis-Combet

à l'occasion, en octobre 2002, de la parution de Transfigurations et de L'Homme du texte aux éditions Corti, Ronald Klapka a établi un dossier très complet de liens et de documents, incluant deux entretiens (avec Henri Lefebvre et Jean-Christophe Millois), et même une dissertation de jeunesse : l'extrait de "Miroir du texte", ci-dessous, publié d'abord par François-Marie Deyrolle et repris par Verdier, pour mieux vous suggérer de cliquer sur Claude Louis-Combet / l'écriture au corps

mars 2003 : réédition de Marinus et Marina chez Corti - présentation par Ronald Klapka, avec une étude de Gérard Bonnet ("De l'affirmation narcissique à l'affirmation du sexe")

liens et ressources sur Claude-Louis Combet: l'écriture au corps, chronique par Ronald Klapka

Le coeur déchiré, une lecture de Claude Louis-Combet par Corinne Bayle

Claude Louis-Combet / Dits et médits de Lily Pute, dans l'Atelier Contemporain n°5

Les livres de Claude Louis-Combet sont publiés aux éditions José Corti (en particulier Blesse ronce noire) ou aux éditions Flammarion (en particulier Beatabeata).

Je regarde l'oeuvre derrière moi. Ce n'est pas un chemin parcouru. Ce n'est pas une avancée vers la connaissance. Mais plutôt un piétinement. Une obstination. L'épuisement d'une hallucination forcenée telle que les enfants la connaissent lorsqu'ils obligent leur rêve à prendre la place de la réalité car, sinon, c'est la mort. Il n'y a pas de progrès dans cette entreprise. Il n'y a pas non plus un surcroît de puissance. Depuis le temps qu'il écrit, l'homme qui écrit, s'il n'a pas peur de se regarder en face, peut se dire qu'il n'a encore rien écrit.

Il n'a pas encore commencé. Il n'est pas sorti de son balbutiement. Et vraiment comme les bébés qui s'enchantent de leurs lallations sans savoir sur quel abîme de conscience elles déboucheront un jour, lorsqu'ombre et lumière se seront disjointes, il s'était abandonné au jeu délicat et troublant de ses prédilections verbales. Il avait orchestré de son mieux quelques-unes parmi les variations inépuisables de l'Absence et de la Présence. Il avait cru s'insinuer au coeur des mots parce que ces mots-là s'étaient insinués dans son coeur. Et cela, longtemps, lui avait suffi. Et peut-être encore aujourd'hui.

Non, toutefois.
La prédilection ne joue plus. Et la dilection encore moins. Les mots sont aplatis, cependant que, de degré en degré, monte l'horreur d'écrire. Sans doute faudrait-il, pour continuer ou plutôt pour commencer enfin, dans le creux le plus creux d'une passivité agissante, user des mots qui manquent et qui, toujours ont fait défaut : les murs hors-texte d'une existence sans écoute ni raison.

 

extrait de "Miroirs du texte" – Deyrolle éditeur, 1995 (actuellement diffusé par Verdier)