Pierre Michon / la littérature comme miracle archives remue.net : état fin 2004 du dossier Pierre Michon mis en place dès 1998 sur le site |
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nouveau (déc 2003 ): Pierre Michon : un art de la figure / Dominique Viart La question des genres chez Pierre Michon / Ivan Farron Une écriture
caverneuse / Médiologie et anthropologie dans La Grande Beune de Pierre
Michon / Wolfram Nitsch |
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Pierre
Michon sur le site des éditions Verdier Pierre Michon et
Yaël Pachet, un entretien invité aux journées Littéraires de Soleure le 11 mai 2002, Pierre Michon publie dans Le Temps "à quoi servent les poèmes?" avril 2002 : sommaire et présentation de "Pierre Michon, l'écriture absolue", actes du colloque de Saint-Etienne, oct 2001, parution avril 2002
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"La mesure de la grandeur, cest la violence intraitable, cest lorgueil qui ne peut atteindre à la révélation quau plus haut du geste crispé. À quoi sert la justesse ? À être à la hauteur de lenfer..." un portrait de Pierre Michon par Bernard Simeone un
autre hommage : celui de Jacques Réda une autre étude : Ivan Farron, Pierre Michon, un roman familial littéraire - "La fragilité de luvre a ainsi pu devenir la matière même de son énonciation." |
Pierre Michon sur Internet
L'objet
roman nouveau : le roman comme
superstition entre
inspiration et désir croire
à la Grâce les
doigts noirs commencer par ne
pas écrire Pierre
Michon, une vocation tardive |
Michon inédit le
chapitre III de "Les Onze" portrait
symbolique d'un petit homme du Sud |
de Pierre Michon, un fragment sur Balzac, dans Trois auteurs (© éditions Verdier, 1997)` Toutes les fois que je passe à La Châtre, je pense à Balzac. Non pas en traversant La Châtre du nord au sud, cela se fait par le centre, et il n'y a que des pharmacies, des maisons retapées avec colombages à l'authentique, des bars, une librairie, un distributeur du Crédit Agricole (il est vrai que j'y prends parfois de l'argent, et on devrait penser à Balzac toutes les fois que l'on prend de l'argent). Non, je pense à lui en traversant du sud au nord, direction Bourges, où un sens obligatoire vous dévie dans des faubourgs endoloris à grosses maisons de notaires avec glycines, volets peu ouverts, tilleuls, personne. Alors c'est l'Issoudun des demi-soldes, l'Alençon des antiques, le Sancerre de la pauvre Didine : c'est province comme il n'y en a plus. Je me demande si on y a encore le loisir et la passion de s'étriper pendant toute une vie pour un héritage, maintenant que tout va plus vite. La lenteur est restée là cependant, la lente et terrible vie. Ils sont là, derrière les tilleuls tout au fond des cours, ceux qui sont partis chercher du grain et sont revenus sans paille. On ne les voit pas, ils se cachent de père en fils dans des blouses de pharmaciens, ils colligent des dossiers, des actes timbrés, la poussière les tient. Ils sont là, derrière les grappes de glycines, les poètes qui ne sont pas devenus poètes, les lions qui sont devenus chiens, les amoureuses qui ont vainement brûlé jusqu'à la vieillesse, et dont toutes les supériorités ont fait plaie dans l'âme au fur et à mesure que le froid de la province les saisissait, les gelait, doucement les broyait là - et leur laissait le temps, tout le temps d'y penser. |