Corinne Lovera Vitali | PANF ! | Fernand Fernandez | PANF ! journalisme sportif de 14-18
parfois clv et Fernand Fernandez sont aussi Les Fernandez - leur dernier travail c’est ronette et modine paru en mai 2019 chez Abrüpt - mais la plupart du temps ils sont surtout présence pitchounette - avec écureuil ici en mémoire du lien
à Dominique
PANF !
Fernand dit la rencontre a lieu ou pas je lui dis oui mais j’ai un mais je ne sais pas trop où le placer parce que je sais qu’il est lié à mon dada de l’interaction mon dada de l’interlocution qui doit forcément changer le cours des choses sans quoi quoi ? ce que Fernand dit c’est que la rencontre a lieu quand le cours des choses même petites se trouve nouveau ou pour le moins renouvelé et cela que je continue de croire inhérent à toute rencontre est en vérité très rare il est très rare que ce désir soit réciproque car qui souhaite vraiment être surpris ? en proportion de qui souhaite être conforté dans son soi son choix l’affirmation par tous les moyens que sa vie à soi est juste tandis que la tienne eh bien regarde comme elle est fausse
après-coup
ce mais qui semblait fait pour nous rattraper tous en grappe rattrape surtout in extremis le wagonnet du moi qui ballotte mais reste attaché aux nous qui déraillons le mais me remet sur les rails tchou- le mais fait son travail de mais -tchou sans faiblir il résonne loin jusque dans les recoins enfouis qu’il réveille comme je shoote PANF ! dans mon wagon et ce qu’on entend et longtemps c’est la résonance pas le shoot ni le wagon le wagon eh bien regarde le mien est meilleur que le tien tiens la revoici la boucle de fan de la nouvelle norme je nous trouve pingres je souffre cette boucle est la bonne
PANF !
Des limaces sillonnent la page, déposent des traînées de mucus, grignotent le papier. Le lendemain quand la page est sèche j’applique une couche d’un jus à base d’encre de chine, d’eau et de brou de noix, le mucus agit comme une réserve, je révèle une image : paysage avec ravines, lèpre, lits de ruisseaux, chemins. Aucun animal n’est maltraité pendant l’exécution de ces dessins mais quand je jardine il m’arrive de faire des brochettes de limaces avec le vieux couteau de la grand-mère de Coco planté dans la terre à côté de l’angélique et d’aller les projeter d’un geste athlétique sur le terrain de notre voisin Champomy où j’envoie aussi de temps à autre des javelots de bambou pour garder la forme. En général les limaces nous emmerdent, elles bouffent les tomates avant qu’elles mûrissent, coupent à ras les plants de persil, tartinent de mucus la semelle de nos tongs, ressemblent à des merdes vivantes disséminées sur l’herbe. Et là, quand on leur donne du papier, elles en font quelque chose de plaisant. De tout cela elles ne savent rien, que ce soit nouveau ou non, trois cents millions d’années qu’elles sont là. Pour une limace je ne suis ni dieu ni l’art. Moi, le papier, ce n’est que du réel pour elle – avantage des animaux sur nous qui prétendons donner un sens au dit réel, voire le contrôler. Quant à notre propre grouillement sur Terre, il lui faudrait une rallonge de quelques millions d’années pour atteindre une dimension esthétique et autant de plus pour que cela arrive à notre conscience. Bien sûr nous aurons tout bouffé, y compris nous-mêmes, en un temps beaucoup plus court, PANF ! l’œuvre est déjà bien avancée, notre disparition n’en sera que l’achèvement – sous le regard d’esthètes extra-terrestres ayant peut-être créé l’humanité dans ce seul but.