Fred Griot | au-delàde la terrasse

il pleut
au-delàde la terrasse
où je me pose
souffle
et viens chercher
un peu de dehors d’air.

il pleut

et au-delàde la terrasse
le mec est sous la flotte
sans abri
sans nid sec
où pouvoir se refaire
souffler pauser.

nos étonnantes existences
individuées
on est pourtant tous sur
la même foutue barque.

il pleut
à2 mètres de ma table
au-delàde la terrasse
et sur le store.
et voilàque me sortent
des trucs des poèmes
façon zen
mais àla mords-moi l’nœud
au mieux.

et moi moi je suis àl’abri
et lui ramasse ses tas tonnes
de sacs-poubelle
dégueux éventrés trempés
et je ne sais pas s’il pense aux poètes zen.
pourtant pourtant
lui aussi
doit avoir ces moments d’épiphanies
où l’on se sent être
tout connecté au tout
malgré la pluie la crasse la merde
et le manque de retraite d’abri
pour souffler un peu, flâner en soi, rêver.

àquoi ça ressemble un rêve mouillé trempé
quand t’as rien contre la pluie ?
c’est rose parfum plein de lumière et de cristaux de pollen dans le soleil serein tu crois ?
est-ce que ça répond en face
àtes tourments d’homme-oisillon ?
est-ce que ça répond en face ?

il pleut
au-delàde la terrasse
le bitume luit noir
brillant trempé
et il faudrait une chute là
mais il pleut pleut pleut encore
sur la ville ce jour-là
et les hommes passent
et même s’aimant
ne se sauvent pas
de tout

pourtant
il ne faudrait pas
cesser
pourtant pourtant
il faudrait aimer mieux.
encore.

extrait de « enfin tu regardes l’herbe  » :
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9 octobre 2019
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