LaDetteC’estMal

LaDette : Démonter une scénographie discursive (atelier au café associatif La Collective àAubervilliers)

Quelque chose comme une note d’intention.

La littérature s’intéresse aux automatismes sociaux agissant dans la langue - ce que Wittgenstein appelait les crampes de la langue (et de la pensée). A chaque ordre social, des cheminements de pensée automatiques, des formulations, des images qu’on pourrait dire collés, qui se produisent mécaniquement, qui meuvent et parlent les individus.
La littérature s’y intéresse, c’est-à-dire qu’elle s’en impatiente ; comme l’écrit Orwell : « Â Le remplacement d’une orthodoxie par une autre n’est pas nécessairement un progrès. Le véritable ennemi, c’est l’esprit réduit àl’état de gramophone, et cela reste vrai que l’on soit d’accord ou non avec le disque qui passe àun certain moment.  »
Notre société a son disque ; l’un de ses morceaux, c’est : « Â LaDette  ».
Plus exactement : « Â LaDettePubliqueC’estMal  ». Car « Â LaDette  » est un discours fait pour ne s’appliquer, comme un problème, qu’àl’Etat, en escamotant systématiquement l’endettement des agents privés – un mécanisme fondamental de l’économie capitaliste. Cette langue que nous parlons tous par défaut enclot en effet un programme politique qui repose - en dernière analyse - sur l’idée que « Â la société n’existe pas  ».
Cet atelier d’écriture part de là : voir comment ça se présente, un tour de force pareil : une société qui parle une langue qui la nie.
Je propose qu’on démonte le discours de LaDette (concrètement, en analysant des séquences médiatiques), et qu’on la remonte (par l’écriture) en la faisant grincer, en faisant travailler ses points de patinage, ses sautes logiques, ses figures obligées. Peut-être l’étirement des crampes mentales nous permettra-t-il de récupérer une souplesse de pensée.

12 mars 2020
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