Le Cycle des exils (1982 - 2024) au CIPM

Le Centre international de poésie de Marseille (CIPM) célèbre le Cycle des exils de Patrick Beurard-Valdoye, complété et achevé avec son huitième volume, Lamenta des murs, qui vient de paraitre dans la collection de poésie des éditions Flammarion.

Samedi 18 mai 2024 de 11h à 16h30, journée d’étude avec Nella Arambasin, Marko Pajević, Hannes Schüpbach et Gaëlle Théval - en présence de Patrick Beurard-Valdoye.
Après la présentation de la journée et de l’exposition par Michaël Batalla, Gaëlle Théval proposera que, « d’enquêtes en récitals, de livres en collages, c’est aussi comme performance d’écriture que le Cycle dans son ensemble peut être appréhendé ».
Marko Pajević, qui a traduit plusieurs extraits du Cycle vers l’allemand, montrera « quelques difficultés de traduction liées aux particularités de cette écriture ».
Hannes Schüpbach évoquera les rapprochements transnationaux, les langues et les personnalités multiples qui structurent et propulsent le Cycle des exils.
Nella Arambasin fera observer que « de cimetières en plages, de cliniques en couvents, les pas poétiques s’engagent à contre-courant des foules esthétiques pour aborder des lieux mis à la marge des vivants et des morts, des lieux (...) sans art apparent, réservés, qui contestent ou inversent les manières de vivre sociales (...) contre lesquels vient buter la mémoire, qu’aucune chronologie ne saurait restituer. » Dès lors, à la manière d’un couturier, le poète doit « chercher la forme de ces traces anonymes, éveiller des strates enfouies, faire émerger les points de rencontre, tisser "l’univers contrasté des croisements", pour que soient reprisées les histoires laissées à charge. »

À16h45 — Vernissage de l’exposition des récitclages de Patrick Beurard-Valdoye. Exposition ouverte jusqu’au vendredi 9 août 2024.

P. B.-V : Récitclage "Lamenta des murs", 60 x 46 cm, 2024.

À voir dans cette exposition 34 carnets de recherches (sous vitrines), la « Schlitte du narré », de nombreux films (dont un du défilé des manuscrits du cycle), tous les récitclages et bien des choses encore.
Sur les récitclages, P. B.-V, dans son entretien avec Luc Champagneur : « Il existe bel et bien un "point final". En hors volume, comme adjoint au manuscrit. Un "métapoint final". Depuis le cinquième volume en effet, je termine systématiquement par un collage, de format A3 ou plus grand, conçu en recyclant la masse documentaire accumulée pendant l’élaboration du volume. Je les appelle récitclages. Ils portent chacun le titre du volume, ou d’un livre. Ils sont exposés au Cipm. Une fois le récitclage achevé, c’est fini. »

À 17h00 — Performance de P. B.-V.

Enfin, en écho à l’exposition Le « Cycle des exils » (1982-2024), le samedi 15 juin 2024 à 16h, rencontre et carte blanche sur le thème Politique du dire avec Amandine André, Jacqueline Merville et Patrick Beurard-Valdoye.

Lire l’entretien de Patrick Beurard-Valdoye avec Luc Champagneur : « Le Cycle des exils : genèses, ligatures, bouclages » - où P.B.-V. raconte comment « chaque livre est né de la côte du livre précédent » et son parti pris « de l’hétérogène contre l’homogène, du complexe contre l’élémentaire ou le simple » a contrario « du livre monoforme en chapitres ou parties ». "Il ne s’agit pas de blocs successifs, sans agencement. La continuité existe, plus ou moins décelable, selon des bifurcations, des fils d’Ariane (...), rythmée par des redites, avec de légères altérations. Les segments de réalités prélevées sont agencés comme les branches et les racines d’un banian, ou plutôt comme les affluents d’un fleuve. Le modèle du bassin fluvial, avec ses rivières souterraines, est la meilleure façon d’en parler. Je ne parle ni de canaux ni de cours d’eau canalisés, mais bien de cours sauvages, de torrents, avec parfois des rapides. Mes volumes reflètent le dérèglement climatique. En préparant la « Brève anthologie de la grande crue » (Mossa), les victimes des inondations m’ont déclaré qu’elles parlaient pour la première fois de leur traumatisme. J’ai eu l’occasion de lire devant elles ce long poème. Une dame s’est alors levée, et s’est exclamé : "C’est vrai hein ? ce qu’il a dit." C’était le juste retour des choses. » - etc.

9 mai 2024
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