Vidéos : les reines Frédégonde et Blanche de Castille

Inspirée par les reines mérovingiennes, Catherine Froment s’attaque ici à la plus sulfureuse d’entre elles : Frédégonde. Selon les données historiques la concernant, sa réputation de reine meurtrière semble avoir l’avoir devancée, faisant d’elle la première d’une longue suite de reines mal-aimées telles que Catherine de Médicis ou encore Isabeau de Bavière.
« Ce qui m’a intéressée, c’est le fait que les reines mérovingiennes sont un modèle féminin à part dans les figures royales. Il y a une liberté palpable dans la manière dont certaines d’entre elles ont pu régner. Les reines mérovingiennes se mêlaient beaucoup plus aux hommes. En l’occurrence, concernant Frédégonde, ce que l’on a oublié de prendre en compte, c’est le contexte menaçant dans lequel elle évoluait constamment. Elle était, comme d’autres, certainement contrainte à l’assassinat pour pouvoir rester en vie. Frédégonde est aussi une des rares reines qui est de descendance servile, ce qui disparaîtra ensuite.
Comme une réponse aux écrits qui la déshumanisent, j’ai cherché comment rétablir une autre image d’elle, en explorant sa vie à travers les épreuves et difficultés éprouvées. Qui était cette femme obstinée ? Comment peut-elle resurgir après tant de siècles où "d’autres parlent sa place" ? Et comment nous regardera-t-elle lorsqu’elle réapparaîtra ? »

La reine capétienne Blanche de Castille n’est pas inhumée dans la nécropole royale de Saint-Denis. Pourtant, à travers la présence de son fils Louis IX ainsi que plusieurs autres de ses enfants, il émane quelque chose d’elle. Sans oublier son mari le roi Louis VIII, qui fut l’unique souverain retrouvé enveloppé dans un suaire tissé d’or lors des exhumations commises pendant la Révolution française.

Et surtout, la nécropole compte parmi ses gisants la mystérieuse gisante noire en pierre de Tournai, en provenance de l’abbaye de Maubuisson, fondée par Blanche de Castille. Cette gisante, jusqu’alors non véritablement identifiée, aurait pu, selon certains historiens, être la gisante de Blanche de Castille, ou bien celle d’autre figure noble telle l’impératrice Marie de Brienne, qui fut contemporaine de Blanche de Castille.

Lors de la performance de Catherine Froment, c’est grâce à l’écriture et à la poésie vivante de l’acte performatif que Blanche de Castille entrera à son tour dans la nécropole royale, elle qui fut une des plus grandes femmes de pouvoir du monde féodal.

Venue depuis la Castille, et arrivée en France à l’âge de douze ans, malgré sa méconnaissance de la langue française, elle s’imposa pendant deux régences lors desquelles elle se révéla une femme d’autorité hors du commun qui sut résister aux révoltes des barons, entre autres choses héroïques.

Trop souvent ramenée à sa qualité de mère de Saint Louis, elle pénétrera ici parmi nous, non seulement en tant que reine, mais surtout en tant que femme.

Une femme aux visages contrastés et méconnus, émotive et audacieuse, ou encore élégante, parée, presque sensuelle, et à la fois grande sainte volant au secours des pauvres.

Une femme digne qui fut soucieuse de sa propre représentation jusqu’à sa dernière heure, couchée sur un lit de paille, telle une reine créant de ses propres mains sa gisante éphémère.

Vidéos Arnaud Gautier.

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