Lorenzo Foltran | Poèmes

Penetrami la mente affinché, gravida
possa mettere al mondo la tua prole.
Ogni pagina è nostra figlia, il frutto
della tua fronte quand’essa si fa ombra
e si posa sul libro appena aperto.
Osservi i fogli senza firma, tocchi
e inumidisci il bordo della carta.
Amante rispettoso, mi possiedi
e senza alcun dolore mi fai tua.
Nell’amplesso mi schiudi e poi mi serri,
mi scrivi fino all’ultimo paragrafo.
E giunto, infine, il tempo della nascita,
non mi è di peso il parto né il travaglio.

*

Pénètre-moi l’esprit afin que, enceinte,
il puisse mettre au monde ta progéniture.
Chaque page est notre fille, le fruit
de ton front quand il se fait ombre
et se pose sur le livre à peine ouvert.
Tu observes les feuilles sans signature, touches
et humectes le bord du papier.
Amant respectueux, tu me possèdes
et sans aucune douleur tu me fais tienne.
Dans l’étreinte tu m’entrouvres et puis tu me serres,
tu m’écris jusqu’au dernier paragraphe.
Et, enfin venu le temps de la naissance,
Ne sont pas un fardeau pour moi l’accouchement et le travail.



La goccia che si staglia sulla foglia
contiene in essa ciò che la circonda.
Seguiamo i corsi d’acqua tra i cipressi
alternando i silenzi alle parole.
In segreto, al sicuro dal deserto
e dai commerci delle carovane,
le nostre ombre riposano sui prati.
Quando ci avviciniamo troppo al muro
si destano, si siedono, ci guardano.
Con un gesto consigliano di stare
lontani dai confini del giardino,
di ritornare al centro, alla fontana,
luogo dove il divino si rivela.
Perfetta simmetria del quadrilatero.

*

La goutte qui se détache sur la feuille
Contient en elle ce qui l’entoure.
Nous suivons les cours d’eau parmi les cyprès
alternant les silences aux paroles.
En secret, à l’abri du désert
et du commerce des caravanes,
nos ombres reposent sur la pelouse.
Quand nous nous approchons trop près du mur
elles se réveillent, s’assoient, nous regardent.
D’un geste elles conseillent de rester
loin des frontières du jardin,
de retourner au centre, à la fontaine,
lieu où le divin se révèle.
Symétrie parfaite du quadrilatère.



Segreto sussurrato il nostro amore,
religione misterica,
adorazione in luoghi inaccessibili :
è sacro perché nostro.
Nascosto, è un privilegio destinato
unicamente a noi.
Divinità indicibile, non scrivo
il tuo nome su bibbie
per elogiarti su libri stampati
e che nessuno legge.
Preferisco tacere, conservare
per me la tua sostanza.
Come mistico ascetico ti sento,
mantenendo il silenzio.

*

Secret chouchouté notre amour,
religion à mystères,
adoration en lieux inaccessibles :
il est sacré parce qu’il est nôtre.
Caché, il est un privilège destiné
uniquement à nous.
Divinité indicible, je n’écris pas
ton nom dans bibles
pour te louer sur livres imprimés
et que personne ne lit.
Je préfère me taire, conserver
pour moi ta substance.
Comme mystique ascétique je te sens,
en gardant le silence.



Odo nella conchiglia del tuo orecchio,
finemente scolpito
da un anonimo artista dell’impero,
l’eco di ciò che pensi.
Suono sacro e benefico, conforta
colui che ti è devoto.
L’acqua del mare bagna la mia fronte,
mi accoglie il tuo pensiero
che da tuo si fa mio, diventa nostro
in consustanziazione.
Rendo umide le tue labbra di statua
con baci consacrati.
Nel momento dell’estasi, mi illumini
e da uomo mi fai Dio.

*

J’écoute dans la coquille de ton oreille,
finement sculpté
par un artiste anonyme de l’empire,
l’écho de ce que tu penses.
Son sacré et bienfaisant, il conforte
celui qui t’est dévoué.
L’eau de la mer baigne mon front,
ta pensée m’accueille,
Elle devient la mienne, devient la nôtre
en consubstantiation.
Je rends humides tes lèvres de statue
avec des baisers consacrés.
Dans le moment de l’extase, tu m’illumines
et tu fais de moi, homme, un Dieu.



L’eterno non contempla l’esistenza
di passato, presente e di futuro.
I secondi, i minuti, i giorni e gli anni
sono fissi, non passano perché
sincroni, non iniziano e finiscono.
Insieme, gli anni sono un giorno solo
e il nostro giorno è il giorno che viviamo.
È oggi che non diventa mai domani
e che mai ha conosciuto l’essere ieri.
Noi siamo prima d’ogni tempo e il tempo,
senza tempo, non scorre né si perde.
Che tutto questo possa continuare
e che mai possa dire : “sono stati”.
L’eternità sia il nostro oggi per sempre.

*

L’éternel ne contemple pas l’existence
du passé, du présent et du futur.
Les secondes, les minutes, les jours et les années
sont fixes, ne passent pas parce que
synchrones, ne commencent ni ne se terminent.
Ensemble, les années sont un jour seul
et notre jour est le jour que nous vivons.
Il est aujourd’hui qui ne devient jamais demain
et qui n’a jamais su être hier.
Nous sommes avant chaque temps et le temps,
sans temps, ne coule pas ni ne se perd.
Que tout cela puisse continuer
et que jamais je ne puisse dire : "Ils ont été."
Que l’éternité soit notre aujourd’hui pour toujours.



Io non voglio programmi, calendari,
giorni segnati in rosso sulle agende
per scongiurare l’horror vacui dentro
l’ordine numerato dei riquadri.
Voglio tornare dove sono stato,
e vivere il vissuto.
Imprigionare il tempo carceriere
con le sue stesse chiavi.
Costringere al silenzio
il tintinnio costante dei suoi passi.
Fuggire dalla ronda sempiterna.

*

Je ne veux pas de programmes, de calendriers,
de jours soulignés en rouge dans les agendas
pour conjurer l’horror vacui dans
l’ordre numéroté des carrés.
Je veux revenir où j’ai déjà été
et vivre le vécu.
Emprisonner le temps geôlier
avec ses propres clés.
Forcer au silence
le tintement permanent de ses pas.
Fuir la ronde sempiternelle.



Nella circonferenza senza tregua,
cerco lungo il perimetro tracciato
dal compasso la strada per il centro,
per il significato dello scavo.
Dissimulato dietro gli archi a volta,
immagino un’uscita ad ogni curva.
Il perno della mina sempre a punta
è un ago di metallo che pugnala.
L’agrimensore regola, misura,
ripristina e rettifica i confini,
vende gli appezzamenti di terreno.
Nel futuro quartiere degli affari
è previsto un giardino che giustifichi
l’asimmetrica altezza dei palazzi.

*

Dans la circonférence sans répit,
je cherche le long du périmètre tracé
par le compas la route vers le centre,
vers le sens de la fouille.
Dissimulé derrière les arcs et les voûtes,
j’imagine une sortie à chaque courbe
le pivot de la mine toujours pointée
c’est une aiguille en métal qui poignarde.
L’arpenteur régule, mesure,
rétablit et rectifie les limites,
vend les parcelles de terrain.
Dans le futur quartier d’affaires
il est prévu un jardin qui justifie
la hauteur asymétrique des immeubles.



Ogni cinquanta metri, alla virata,
la giravolta mette sottosopra
la clessidra e resetta in una spinta
propositi anaerobici e subacquei.
La bracciata col ritmo cadenzato
segue il tempo deciso dalla testa,
dal grave all’allegretto, dal sei al due,
in base alla distanza della gara.
Ogni cinquanta metri, fino al bordo,
il metronomo oscilla e giunto al muro
il mosaico prende forma, lo si tocca,
ma con lo sguardo altrove : l’altro lato.
L’olimpica fatica di nuotare
nel fremito dell’acqua di cottura.

*

Tous les cinquante mètres, au virage,
la pirouette met à l’envers
le sablier et réinitialise d’une poussée
des propos anaérobiques et sous-marins.
La brassée avec un rythme cadencé
suit le temps décidé par la tête,
du grave à l’allegretto, du six au deux,
en fonction de la distance de la course.
Tous les cinquante mètres, jusqu’au bord,
le métronome oscille et atteint le mur,
la mosaïque prend forme, on la touche,
mais le regard est ailleurs : de l’autre côté.
L’olympique fatigue de nager
dans le frémissement de l’eau de cuisson.



Devo tornare dove sono morto,
non dove sono nato
e in quella sepoltura d’acqua e pietra
cercare tra la nebbia
e il moto ondoso, come ricordando
un sogno appena fatto,
la mia antica figura di vivente,
il pugno sul timone.
Tempo salmastro, luce di fanale,
pontile, falso approdo.
Una brezza spirava verso il mare,
aperto labirinto.
Indugio, un bastimento, la sirena
e il naufragio nel porto.

*

Je dois retourner là où je suis mort,
non où je suis né
et dans cette sépulture d’eau et de pierre
chercher dans le brouillard
et la houle, comme en se souvenant
d’un rêve à peine fait,
mon ancienne figure de vivant,
la poignée sur la barre.
Temps saumâtre, lumière de réverbère,
ponton, faux lieu d’accostage.
une brise soufflait vers la mer,
labyrinthe ouvert.
Hésitation, un navire, la sirène
et le naufrage dans le port.

11 décembre 2023
T T+