Pierre Antoine Villemaine | Au jour le jour
c’est en remarquant les couleurs du ciel et de ses beaux nuages que je saisis mieux la provenance des bleus singuliers de Joachim Patinir ou de Nicolas de Stael
une phrase qui trébuche
l’équilibre ou le déséquilibre d’une phrase
l’élégant balancement des fines branches au noir profond du saule pleureur, leur chorégraphie — le frémissement de ses feuilles qui effleurent la surface de l’eau
tant de paroles non dites, tant d’émotions non exprimées
les passages de lumière sur la montagne qui se métamorphose
sa peau d’un brun très foncé comme brûlé proche du noir laisse la place à un brun roux plus clair puis à la clarté d’un vert acide
la phrase nous disait trop de choses, ne laissait aucune place à l’imagination
le grand sérieux poétique aux idées et sentiments convenus
penser par petites secousses
idées mutilées et confuses
règles aléatoires sans aucun fondement
formes inexactes… fantômes d’objets… s’élevant de l’indéterminé
la phrase expulsée par le vide qui la précède
des mots se cherchent s’accordent se conviennent
mise en rythme de la pensée
chaos léger, brumeux, aérien
étourdissement de la pensée
(disparate / disparaître)
« rejoins moi, dit le rêve
tuons l’esprit de pesanteur »