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Deta Hadorn-Planta

Le temps qu'il fait dans la tête

Hervé Chesnais

Patrice Lucotte

Marie-Josée Desvignes

ce premier matin d'octobre, Philippe Rahmy s'arrête à Lausanne sur cette silhouette à la craie – il y a le trottoir, et au-dessus un pont – il écrira les quelques lignes ci-dessous, et puis, parce que ces lignes et l'image circulent, viennent toute la journée d'autres mots, dialoguant ou pas – et si l'homme du trottoir, via Internet, nous avait légué ce jour-là une autre manière, et neuve, pour que les mots et le partage nous soient nécessaires? FB

Ce matin, Place du Flon à Lausanne, je suis passé sur un tag au sol avec mon fauteuil roulant, une silhouette humaine bras et jambes écartés et fléchis, position dynamique d'un freerider exécutant un Duffy. Ensuite, j'ai repéré juste à droite de la tête une petite croix blanche et une date, celle d'aujourd'hui. Et par-dessus la mienne, de tête, il y avait tout autour comme une cage, l'ossature métallique d'un pont. Quelqu'un s'en était balancé dans la nuit, ce danseur à la craie tordu sous mes roues avec la croix au point d'impact. Ensuite ça vient naturellement, une pensée pour l'inconnu/E, me suis/lui ai récité le Dormeur du Val... C'est à ça qu'il ressemble aujourd'hui, le corps disloqué du dormeur des Villes, en ces temps déshumanisés où les morts ne sont plus même des cadavres... Là, j'ai ma main gauche qui tape, va faire mauvais dans les 4 heures. Pour le coup, je m'aperçois qu'il fait beau, je stoppe le boulot, j'écris ce mot.

Philippe Rahmy, le 1er octobre 2001.