Emmanuel Laugier | Crâniennes - 4 poèmes
Crâniennes – 4 poèmes (Iowa)
— traduits par Jeanne Alnot & Emmanuel Laugier
[Octobre 2006]
Ces poèmes ont été écrits lors d’un voyage à Chicago au printemps 2005, organisé par Yannick Mercoyrol, alors responsable des affaires culturelles de l’Ambassade française de Chicago. Il comprenait échanges et traductions mutuelles entre différents poètes français et américains, lectures dans différentes universités, dont celle de Madison net Iowa-City. C’est dans cette dernière ville que le département de français de l’Université m’a le semestre dernier invité à enseigner un cours sur la poésie française moderne. Là aussi, via les programmes de IWP (International Writing Program), j’ai pu participer à des ateliers de traductions, ou conférence ouverte à tous publics. Les traductions ici jointes, extraites de Crâniennes en émanent aussi et furent réalisées de la façon suivante : partant d’une très approximative traduction réalisée par moi-même du français vers l’anglais, nourrie plus tard d’un travail de plusieurs heures de dialogue sur chacune d’entre elles, nous sommes parvenus petit à petit à une version (peut-être) réellement anglaise de ces quelques poèmes. Amorce, en fait, d’un travail sur l’ensemble du livre.
Lire aussi réfléchir un peu le poème à iowa city.
4 poèmes traversés par chicago
(1)
crâniennes à chicago se taisent —
le dirait-on
que non
n’est pas
ne rien dire
n’est pas
ne pas le dire mais
traversant les vieux buildings noire la suspension
du carré de la post office (mvdr) aère
allège plus que
de raison tu es
dans la vertébrale que
voilà voilà
constance de la ville où walking on
four hours in two times one space
(2)
tel quatre ainsi se pose
en un quadrillage où angle et angles
font :
aerea
blue square in
chicago
je déplace la peinture de fautrier pour le poème
assis —
là
et pas tout à fait vraiment assis
en lui est
une lumière au carré elle rase à fleur le sol
où tu marches la ville est membrane
il y a ce que streets fait en soi lent
et long filament à peine
le tournis de descendre
à la station les soufflets des portes
jaunes respirent un peu
à perdre le souffle — à toi
de le retrouver
on the corner
dans le jour ce jour-
là
a day last
a day last again
(3)
ainsi dater ce jour où
passant dans l’avenue entouré des immeubles
est poser
sans fermer sans replier le quatre
sur le n’importe du chiffre venant
venant
mais ouvrir mais
croiser l’enjambée au carré des rues de telles
rues que
franchies
pour rien elles
font traverser la fourche blanche de la lumière bleue
sèche et
froid et douceur du vif éclaire
enroule en écharpe toutes les choses
et leurs ombres
sont reflet sur les façades
(4)
ainsi est le transport du cœur
dans le rire du sushiman passant
sa lame
blanche au tissu de l’âme
dans le torchon des mains il
glisse
de matière à poisson
cru à
ce que tu me montres
et cela répond d’in
time à
doucement doucement
glisser jusqu’à te voir
ne rien ne surtout pas
sinon me répondre
4 poems passed through chicago
(1)
cranials in chicago are quiet
— would you say
but no
it is not
nothing to say
it is not
do not speak but
passing old buildings the black suspension of the post-office – square - [breathes
expands beyong reason
you are in the vertebral
that is this is
the constancy
of the city as i walk on
four hours in two times one space
(2)
the four cross
so as to form a lattice
where corner and corners
draw :
aerea
blue square in chicago
i borrow fautrier’s painting
for situating a poem —
there
but not truly situating it
in it
a square of ligth skims the ground
where you now walk in the tissue city
streets make of themselves
slow and long filaments
once you get off the EL —
vertigo at the station
the door’s yellow sighs
panting —
for you to find air
on the corner
every day this day
a day
a day lasts again
(3)
so — remark that day where
walking on the avenue
surrounded by buildings —
:
pace four
repeating indefinitely
wihout closing in
but squares are squares one
open the next
and you open your stride — square streets
crossed recrossed
a white fork unfolds in blue cold light
and cold and soft and sharp light
wraps all things
and their shadows —
reflect on the facade
(4)
such is the movement of the heart
in the smile of the sushiman passing
his white blade
through the tissue of the soul
sliding across the cloth
cloth like hands
metal to fish
fish to what you show me
it answers intimate in
time
then softly
softly sliding so i see you
nothing
not a word
yet you answer
Photo de Jeanne Alnot et Emmanuel Laugier ©