Hugo Pernet | Poème pour des filles
en haut à gauche
seul, en haut à gauche
sont à moi ces lettres, ce collier
de lettres
leur sonorité dans l’air
à moi leur façon de se poser
sur la ligne
éteins cette lumière
avec l’eau, faiblesse
éteins ce feu avec de la faiblesse
ton pied
dont les orteils partent dans les deux sens
si je le voyais
petite araignée, cours te cacher
—
qu’est-ce que
la réalité
j’avais
tort, ok, l’hermine
glisse dans son terrier
jamais vu ce noble animal
mais je sais qu’il existe et
c’est ce que j’appelle la réalité
—
les lettres
s’assemblent, docilement
bonnes bêtes
de retour à l’étable
qu’est-ce que ça va donner
cette neige
une phrase allongée
dans la plaine
le clocher du village
luisant
comme les fesses d’un cheval
—
rien sur rien
la beauté tombe des mains
avec le cerveau, tremblant
dans l’argile froide
—
merde,
tout est cassé
entre les filles et moi
il n’y a rien de plus lent
que la lumière
et je sais que toi seule
peux me voir
car nos cœurs sont comme du cristal
séparé au laser
comme la tasse et le pichet
dans un tableau de Zurbarán
les métaphores sont des pommes
pour les chevaux
donnons-leur à manger
quand il n’y a plus rien à dire