Quelque chose est à saisir
Je sens confusément que les livres que j’ai écrits s’inscrivent, prennent leur sens dans une image globale que je me fais de la littérature, mais il me semble que je ne pourrai jamais saisir précisément cette image, qu’elle est pour moi un au-delà de l’écriture, un « pourquoi j’écris » auquel je ne peux répondre qu’en écrivant, différant sans cesse l’instant même où, cessant d’écrire, cette image deviendrait visible, comme un puzzle inexorablement achevé.
(Georges Perec, Penser classer, éditions du Seuil)
Ecrire. Ecrire - comme tentative, en force et fragilité, posée face aux désordres du monde. On pourra repartir à la rencontre de Perec l’inépuisable, sur la liste idoine, lire également ce dossier à lui consacré. Sur remue.net, ces temps-ci, ce sont les Notes de peinture de Cécile Guyonneau qui s’affairent à ce saisissement-là, du monde et de ce qui s’en voit, et résonne, et comment par listes et bribes poser et reposer cette question :
Quelque chose est à saisir d’emblée.
Un tout global.
De gros traits.
Trouver ce qui est important.
Et si ce sont ces quatre choses-là (les yeux, le nez, la bouche) : les traiter en bloc.
Voir, peindre : Jean-Marie Barnaud revient à « Si c’est l’enfer qu’il voit », livre que Dominique Dussidour a consacré au peintre Edvard Munch, et avec lui au risque que constitue la création artistique.
Voir, encore, et déchiffrer ce qu’on voit : Catherine Pomparat :
“Avec la photographie on parle toujours d’autre chose, d’une chose qui a à voir avec le proche et le lointain.”
Dans cette chronique regarder infinitif pluriel, déchiffrer notre monde vu de très haut, ou de très près
Ce qu’on fait du monde, brutal, en face :
Se pencher, guidés par des auteurs sensibles, sur cet “autre versant, un territoire plus coupant, décapant, rude où se mêlent l’humilité et les creux ou hauts fonds de l’âme humaine” ( Jacques Josse, dans sa présentation d’« Absent de Bagdad » de Jean-Claude Pirotte) ;
Ainsi qu’aux traces de l’inaudible, la transmission impossible de ce dont on hérite quand même, constatant avec Michel Seonnet qu’ « On ne dit pas les lieux avec les mots qu’il faut »
Circulations : intéressons-nous de plus près encore aux lieux du monde, via ce même Seonnet qui, sur le site des jeunes éditions Rhubarbe, nous aiguille sur ce nouveau livre de Jacques-François Piquet : « Que fait-on du monde ? »
Circulations encore, à bicyclette avec Jarry et Prigent, avec Prigent et Jarry – avec Hasselmann et Klapka
Sur remue.net revenir aux livres essentiels de Michel Thion, qui tous et y compris ce récent « dit du sablier » disent la douleur et le silence avec. Et découvrir ceux d’Emmanuelle Pagano : avoir peu ce n’est pas avoir rien.
Le général Instin - un feuilleton sur remue.net
Et puis, cette nouveauté : notre feuilleton – le général Instin nous remue, ensemble.
Il nous fait signe au haut de cette lettre ce mystérieux général, qui de tombeau croisé à demi-effacé au cimetière Montparnasse, à demi-effacé pour un temps dans la mémoire de Patrick Chatelier et, soudain reparu, résurgeant, depuis, contamine.
Le général, présenté ici plus en détail, est un territoire à investir, de réel et de fiction et des frottements entre les deux. Lisez-le, mettez-le au monde - avec et dedans lui voir, peindre, écrire.