« C’est la seule industrie qui fonctionne dans les environs. »

L’Ouverture au feu – Crédit : Catherine Gardone

Le père de Bernard Peigney, tuilier, est devenu chauffeur de four à la verrerie. C’est ainsi que Bernard Peigney a débuté comme porteur à l’arche. Il a terminé sa carrière comme chef de fabrication. L’arche, où le verre refroidit doucement, enlève les tensions du verre. L’apprentissage consiste à prendre chaque jour durant un quart d’heure la position du verrier qui est juste au-dessus de vous dans la hiérarchie. On commençait à quatre heures moins le quart du matin, pour cinquante-deux heures par semaine. Les moules, que le « gamin » tendait, pouvaient être en bois, avant que le moule mécanique ne soit inventé. Sur la « place » travaillaient huit verriers pour concevoir un verre, qui évoluaient en un véritable ballet. Le plus petit travail est cueilleur de jambe, ensuite cueilleur de pied. Le marbreur roule le verre sur une plaque d’acier pour allonger le verre et le rendre cylindrique. Si on fait une poste pour une plus grosse pièce, on la travaille à la mailloche. Travailler à la tchèque, c’est maillocher son verre en restant debout. Le soufflé au pouce est le premier souffle qui fait gonfler le verre. Le mouleur donne la forme de la paraison du verre dans le moule. La paraison est le corps du verre. Le chef de place pose la jambe et lui donne sa forme, le poseur de pied lui donne un pied, puis au verre on enlève sa calotte. Bernard Peigney s’est spécialisé dans les grosses pièces, les lampes, les coupes, les carafes.

Le mélange avec du groisil permet que le verre ne soit pas trop liquide. Bernard Peigney nous parle de l’opaline, un cristal qui à la chaleur se revêt d’une pellicule blanche, où l’on taille des motifs, de la manière dont on « ouvre » le verre, comment on le « rogne » au ciseau, comment on forme des corolles, comment on crée du verre bullé. On « escrame » les schlagues qui se forment dans la préparation. On dit « cueiller » le verre. Selon le vase multicouche que l’on veut fabriquer, on observe un ordre des couleurs différent. On roule le verre dans une couleur de fond, que l’on revêt d’une couche, la plus mince possible, de verre en fusion. On roule dans une autre couche, on réchauffe, et ainsi de suite. Ensuite on va rechercher les couleurs, selon les motifs que l’on a dessinés, au sablage. La bousillerie se pratiquait au départ le matin, avant de commencer le véritable travail.

Francine et Bernard Peigney
nous parlent des sobriquets en usage chez les verriers, des chats de la verrerie, et de l’accordéoniste qui jouait durant les pauses le jour où les vacances commençaient. Les verriers avaient fondé une équipe de foot, dotée d’une chanson attitrée. Francine et Bernard Peigney rendent hommage au sens de la tendance dont a fait preuve Madame Giraud pour adapter et faire évoluer la production de la verrerie-cristallerie.


Bernard et Francine Peigney – Exergue


Bernard et Francine Peigney – Une carrière


Bernard et Francine Peigney – Porter à l’arche


Bernard et Francine Peigney – Apprentissage


Bernard et Francine Peigney – Le Gamin


Bernard et Francine Peigney – Les Moules en bois


Bernard et Francine Peigney – Soufflé fixe / Soufflé tourné


Bernard et Francine Peigney – Les Étapes de la fabrication


Bernard et Francine Peigney – La Poste


Bernard et Francine Peigney – Marbre ou mailloche


Bernard et Francine Peigney – Travailler à la tchèque


Bernard et Francine Peigney – La Préparation du verre


Bernard et Francine Peigney – Le Cristallin


Bernard et Francine Peigney – L’Opaline


Bernard et Francine Peigney – Les Défauts du verre


Bernard et Francine Peigney – L’Ouverture


Bernard et Francine Peigney – Le Pontil


Bernard et Francine Peigney – Le Verre bullé


Bernard et Francine Peigney – Jambe tirée


Bernard et Francine Peigney – Le Multicouche


Bernard et Francine Peigney – La Gobeleterie


Bernard et Francine Peigney – Ma préférence


Bernard et Francine Peigney – La Place


Bernard et Francine Peigney – La Coupeuse


Bernard et Francine Peigney – Cannes et ferret


Bernard et Francine Peigney – La Bousillerie


Bernard et Francine Peigney – Les Sobriquets


Bernard et Francine Peigney – Le Chemin du Canné


Bernard et Francine Peigney – Renards et sangliers


Bernard et Francine Peigney – Le Chat de la verrerie


Bernard et Francine Peigney – Le Jour des vacances


Bernard et Francine Peigney – Un documentaire de l’INA


Bernard et Francine Peigney – Une entreprise familiale


Le prochain épisode : « C’est pour laisser un petit peu aller son… imagination. »
Le précédent chapitre : « Si on n’est pas en face de la beauté, on ne la voit pas. »

4 avril 2020
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