Géraldine Geay | Nouages

22.08.20

Quand le feu dit de l’éteindre
Et la lumière électrique soumise souffre
Tu sais où faire la pause

Ne pas faire comme si le soleil n’existait pas
Ne pas le réclamer
Une révolution nous arrive jeunes
Nous avons moins de splendeurs àdéfendre

On boit au coin du ring
On boit au coin du ring
Du jeu dont on a envie
Pour faire des Å“illades ici, ici

Des tempêtes dont on n’a pas rêvé
Couchent des arbres solides
Pendant que le soleil est là

On ne va fuir qu’un instant
Celles qui applaudissent toute notre classe
L’univers qui semble si plein.

25.08.20

Un nœud ou nuage de paix
Petit ou loin
Pendant qu’excluent
Les anciens jours d’activité fiévreuse
La coutume qu’on ne connaît pas
La course du pays

Les projets les revendications
Sont endormis par cette foi passagère
Forte nouée
Non-attirée par ce qui existe
Née de bris de tintamarres éteints

Parfois elle n’est pas ànous
Allée sur un continent différent
On n’en est pas nostalgique
Elle vit toujours

Vois si on veut absolument la faire parler :
Elle est casseuse et torrentielle
La fleur de temps est
Sans cause

Elle ou sa sœur va pousser
On croira un nuage d’ici
On sera de nouveau invité au pays.

27.08.20

Une triste lumière est penchée sur ton cœur

*

Je suis au-delàet un peu accablée
Au-delàdu chemin que je ne veux pas dire
Adieu de certaines hontes
Et les travaux disparus.

28.08.20

La peau beaucoup trop clandestine.

*

Il faut dire autre chose que les secrets
Proposer àl’homme de ton cœur
Ce qu’il y a de plus abondant
Ne rien dépouiller

Toutes les histoires raclées, récupérées
Solides comme du plastique
Comme de lourdes routes
Tranquilles et bruyantes
Où c’est peu sismique, peu beau
Tu ne vois même pas l’avenir
Quand elles se détériorent

Sortir de la cave ou de la mer
Quelquefois, où tout sommeille tout ignore
Donner deux heures de l’abondance
Puis revenir àson travail ce soir souffrant
À la seule des questions bêtes
Qui retienne ton esprit àtoi

Puisqu’une souffrance a été résolue sans te quitter
Puisque son grand sens, une fois,
T’est apparu,
D’ailleurs elle n’avait pas tout bouché
De ton esprit –
La neuve t’intéresse

Mais l’abondance fatigue moins tes yeux
Indocile, fait ton paysage
Alors que tu es ses bras.

31.08.20

Que vois-je en toi que je ne vois plus dans les passants ?

*

À nous toutes nous faisons ton décor
J’écoute le destin
Mais je t’y cherche

1.09.20

L’agilité du ciel a quand même des murs
Une chappe diffuse, une chappe fertile
Notre liberté est plus mince encore

Sur son sol on chante
De vieux couplets qui étonnent et aident
Et des histoires aux nouages neufs

En cherchant un recoin inédit – l’ignorance
On revoit des animaux effrayants et familiers
Qui ignorent notre forme louche de tendresse

Sur le plafond courent d’autres univers
Sans bruit
Des menaces qui ne seront pas pour nous

Notre liberté plus petite que le ciel
Voyeuse intermittente (de ses dessins)
De sa force
Qui chasse rarement le ridicule ànotre échelle
Le chasse quelques fois par an
Sinon demeure, après qu’on a pleuré

Sa bizarrerie, sa chance n’irritent jamais l’œil
Lui font fabriquer, avant de dormir
Ses rêves.

*

J’ai mordu le virtuel
(les dents, le nez, les oreilles)
Pourtant je peux revenir
Après deux jours de nausées
D’yeux qui voient moins

Aucun adieu n’arrivait àêtre définitif
Virtuel très gourmand et décrié
Exercice rebelle, désir
Restent dans le corps revenu

L’horloge est dure
Le virtuel plus ancien
De ses blessures gentiment répétées
Je n’ai pas encore appris.

*

La peur qu’une joie trop fine n’égare.

*

9 septembre 2020
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