Étienne Vaunac | Granits - 2

le miroir
piqué de noir renvoie notre image
tachée par une agonie
venue du plus près du soleil
le sourire nous arrive en avance.
une guêpe vibrionne dans la lumière poudrée.
il n’est pas jusqu’au décollement du papier
peint sur ce mur qui ne
nous laisse la place nécessaire pour nous soucier du temps.
je ne parle pas vraiment
tant que tu n’es pas absente.
prends un livre dans le bureau. « si quelqu’un t’aime plus que moi
qu’il écrive plus loin encore »
– mais loin encore de quoi
si ce n’est ton désert
ce brouillard rampant sur
les fougères ces oies dans le reste de l’œil ?
le fauteuil en cuir sent le tabac
l’abat-jour du néant
porte beau. au-delà des vitres coulissantes
les branches préservent dans l’ombre des sapins
la forme de la hache.
rien ne change autant que le passé.