Granits - 2
Le miroir piqué de noir
renvoie dans la chambre vide notre image tachée par une agonie
venue du plus près du soleil ;
le sourire nous arrive en avance.
Une guêpe vibrionne dans la lumière poudrée.
Il n’est pas jusqu’au décollement du papier peint
sur ce mur
qui ne nous laisse la place nécessaire pour nous soucier du temps.
Je ne parle pas vraiment tant que tu n’es pas absente.
J’ouvre un livre dans le bureau. « Si quelqu’un t’aime plus que moi,
qu’il écrive plus loin encore » – mais loin encore de quoi
si ce n’est ton désert, ce brouillard rampant sur
les fougères, ces oies dans le reste de l’œil ?
Le fauteuil en cuir sent le tabac de mon père ; l’abat-jour du néant
porte beau. Au-delà des vitres coulissantes,
les branches préservent dans l’ombre des sapins
la forme de la hache.
Rien – Pouchkine – ne change autant que le passé.